2019: retour en grâce des marchés européens et émergents

Cyril Gomez

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NN Investment Partners croit en une surperformance de ces deux régions par rapport aux Etats-Unis, en dépit de risques persistants.

©Keystone

Depuis la fin de la Grande Crise Financière de 2008, la croissance économique américaine surperforme largement celle des autres pays développés. L’année 2018 n’a pas fait exception. A moins de deux mois du nouvel-an, les stratégistes de NN Investment Partners (NN IP) prévoient un exercice 2019 caractérisé par la fin de la période de mollesse que connaît actuellement le continent européen. Les marchés émergents, eux aussi, devraient présenter une meilleure prime de risque par rapport aux actifs américains.

«Cette convergence des économies développées crée des opportunités pour les marchés émergents, en particulier via leurs liens commerciaux avec l’Europe», estime Valentijn van Nieuwenhuijzen, Chief Investment Officer chez NN Investment Partners. «Cependant, les investissements étrangers et les flux de capitaux en direction des marchés émergents sont freinés par les tarifs douaniers et la normalisation de la politique monétaire aux Etats-Unis», relativise l’expert du gérant d’actifs néerlandais.

«A l’amorce de l’année 2019, les Etats-Unis feront l’objet
d’un modeste ralentissement de la croissance.»

Il existe donc un risque que les investisseurs demeurent circonspects vis-à-vis des actifs risqués européens et des pays émergents. L’étude Risk on Risk off récemment menée par NN IP auprès d’une centaine d’investisseurs institutionnels montrent en effet que le ralentissement de la croissance globale, la politique commerciale américaine et la dynamique de l’inflation figurent parmi leurs principales préoccupations. «Un peu plus de la moitié s’attend à une décélération de l’économie globale en 2019 et 28% prévoient une consolidation», précise Valentijn van Nieuwenhuijzen.

Face à ces risques, celui-ci insiste toutefois sur l’accumulation de facteurs positifs permettant d’envisager une croissance européenne supérieure à la tendance de long terme l’année prochaine. «A l’amorce de l’année 2019, les Etats-Unis feront l’objet d’un modeste ralentissement de la croissance, dès lors que les effets du stimulus budgétaire se dissipent et que le récent resserrement de la Fed commence à se faire sentir», souligne NN IP. «Mais l’Europe, de son côté, devrait sortir de sa léthargie à mesure que le marché du travail se tend et que la croissance des salaires s’accélère.»

Parmi les autres facteurs de soutien, NN IP invoque la résilience de la confiance des entreprises, l’amélioration des marges bénéficiaires et un faible ratio d’investissement à la production. Leur combinaison devrait donner lieu à une reprise des dépenses d’investissement et préparer le terrain pour une intensification de la croissance du crédit. De plus, la Banque centrale européenne ne devrait pas procéder à un resserrement de sa politique monétaire avant septembre 2019.

Au Japon, également, la combinaison de politiques budgétaire et monétaire visant à relever les anticipations d’inflation devrait assurer une croissance supérieure à la tendance de long terme. «Il apparaît que les développements économiques en Europe et au Japon commencent à montrer à nouveau des signes de convergence par rapport aux Etats-Unis pour l’an prochain, sans que les resserrements monétaires des banques centrales et les tensions du marché du travail ne viennent perturber la fête», ajoute Valentijn van Nieuwenhuijzen.

«Nous préférons les placements de taux davantage exposés
au risque de crédit plutôt que ceux exposés au risque de duration.»

S’agissant du marché obligataire, NN IP observe que l’élargissement des spreads a certes rendu les instruments de taux plus attrayants, mais ceux-ci demeurent relativement chers. Le gérant d’actifs s’attend à ce que les écarts de taux restent stables l’an prochain, tandis que le carry trade (emprunt de devises à faibles taux d’intérêt et prêts simultanés en devises à taux élevés) offre quelques opportunités aux investisseurs de rendement absolu.

La courbe des taux de rendement aux Etats-Unis devrait en outre rester plate, avec le risque d’une pente négative dans le courant de l’année prochaine. De sorte que NN IP ne s’attend pas à une réduction supplémentaire des spreads par rapport aux autres pays développés. «Le retour graduelle d’une politique monétaire plus normale et les taux de rendement obligataires pèsent sur les instruments de taux de duration élevée», remarque Ewout van Schaick, Head of Multi Asset chez NN IP. «Nous préférons ainsi les placements de taux davantage exposés au risque de crédit plutôt que ceux exposés au risque de duration», explique ce dernier.

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