L’Île Maurice à l’avant-garde des marchés financiers cryptés

Cyril Gomez

3 minutes de lecture

Les partenaires GMEX, MINDEX et Hybrid Stock Exchange y lanceront une bourse des valeurs reposant sur la blockchain et l’Internet des Objets.

En dépit de son stade de développement préliminaire, la technologie de la chaîne de blocs (blockchain) s’invite déjà dans les infrastructures de marché. Des bourses des valeurs aussi prestigieuses que le Nasdaq, le New York Stock Exchange (NYSE), la Deutsche Börse ou encore l’Australian Securities Exchange (ASX), pour ne citer qu’elles, ont soit déjà intégré cette technologie de la nouvelle économie dans leurs systèmes, soit commissionné des équipes de recherche spécialisées.

Mais c’est de l’Île Maurice que la révolution pourrait venir. C’est en effet dans cette république de l’Océan Indien que trois partenaires ont décidé d’établir une bourse des valeurs dont l’écosystème reposera entièrement sur la technologie blockchain. Il s’agit de MINDEX, spécialiste des infrastructures de marché physique pour les opérations post-trade, GMEX, fournisseur de solutions technologiques pour les plateformes d’échanges et les opérateurs, et la place de marché virtuelle Hybrid Stock Exchange (HYBSE), qui fait partie de l’écosystème cryptographique de la Fondation Data Interchange Module (DIM).

Grâce à cet environnement de marché innovant, les PME 
pourront utiliser HYBSE pour lever des fonds sous forme virtuelle.

Le rôle de HYBSE International Marketplace sera de digitaliser les actifs financiers sur la blockchain, permettant, pour la première fois, aux investisseurs institutionnels d’avoir accès à divers exchange-traded funds (ETF) reflétant la performance des cryptomonnaies et autres instruments financiers cryptés. Tels que les actions cryptées (cryptonized equities), les monnaies cryptées, mais également les matières premières traditionnelles et les monnaies fiat. Sous réserve d’obtention d’une licence de la part des autorités mauriciennes, HYBSE devraient démarrer ses opérations dès le premier trimestre de l’année 2019.

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont directement visées. Grâce à cet environnement de marché innovant, celles-ci pourront désormais utiliser HYBSE pour y lever des fonds sous forme virtuelle via des offres initiales de blockshares ou Initial Blockshare Offerings (IBO). Ce mode de financement, inspiré des initial public offerings (IPO) traditionnelles, permet aux entreprises d’émettre des actions cryptées et autres instruments financiers à bas coût. 

Les partenaires précités expliquent que le choix de l’Île Maurice s’explique par la récente décision de l’autorité de régulation locale, la Financial Services Commission (FSC), de créer un environnement légal pour et adapté au négoce des actifs virtuels. La FSC a en effet récemment publié des directives encadrant les investissements dans les cryptomonnaies et les cryptoactifs. 

«Nous sommes heureux d’accueillir ce nouveau cadre réglementaire et sommes également ravis de nous situer à l’avant-garde du développement des marchés financiers en tant que premier partenariat à s’établir au sein de ce nouveau régime réglementaire», souligne Hirander Misra, à la fois président de MINDEX et CEO de GMEX Group. «Nous sommes fermement convaincus de l’immense opportunité pour l’Île Maurice de se positionner en tant que pôle majeur dans cet univers dynamique sous-tendu par une forte gouvernance et une réglementation assurant la confiance», ajout-t-il.

«Cette initiative ne manquera pas de créer une perspective idéale
pour les systèmes financiers, et ce des années lumières à l’avance».

«Ce nouveau partenariat entre les trois sociétés s’accompagnera d’un développement prometteur, non seulement pour la sphère des monnaies et des actifs cryptés mais aussi pour l’ensemble des marchés des capitaux», insiste Daniel Liu, directeur des opérations chez HYBSE. «Alors que nous nous embarquons dans ce voyage où nous traçons la voie sur un terrain encore inexploré, cette initiative ne manquera pas de créer une perspective idéale pour les systèmes financiers, et ce des années lumières à l’avance», insiste ce dernier.

La fonction essentielle de l’écosystème DIM (DIM-E) est de proposer aux participants des cryptomonnaies (DIMCOINs) leur donnant accès à un nouvel écosystème basé sur la technologie de la blockchain. Autrement dit un écosystème décentralisé et crypté. En réalité, celui-ci combine les technologies de l’Internet des Objets (IoT) et de la blockchain et vise à générer des économies en termes de coûts de transaction, notamment en éliminant les intermédiaires typiquement associés aux systèmes de paiement et d’échanges traditionnels.

Le DIM-E se présente comme un réseau informatique multiservices sans limite et pair-à-pair, c’est-à-dire dans lequel chaque utilisateur-client est lui-même un serveur. «Au sein de l’environnement DIM-E, chaque participant contrôle totalement ses comptes et bénéficie d’un accès direct à ses portefeuilles à travers lesquels les paiements sont effectués et confirmés de manière instantanée», précise la Fondation DIM dans son livre blanc.

Intégrée au sein du DIM-E, HYBSE est une plateforme d’échanges en ligne d’actifs cryptés, basée sur la technologie blockchain. HYBSE  permet l’achat et la vente en temps réel d’actions cryptées ou virtuelles. Elle se distingue des bourses des valeurs traditionnelles par l’absence de prestataires de services tiers ou d’intermédiaires entre acheteurs et vendeurs tels que les courtiers. 

Aussi, alors que les places de marché traditionnelles limitent le nombre d’utilisateurs éligibles à la participation, HYBSE est ouverte à n’importe quel utilisateur, n’importe où dans le monde. Cette place de marché innovante s’adresse en particulier aux PME souhaitant minimiser leurs coûts de transaction, facilitant ainsi leur accès aux marchés des capitaux.

Par rapport à la PoS, la PoI va plus loin. Elle tient compte, en effet, non seulement
de la participation des participants mais également de leur activité.

Rappelons que la caractéristique centrale d’une chaîne de blocs repose sur ses règles de consensus algorithmiques créant la confiance parmi les utilisateurs. Et ce, sans faire intervenir un «tiers de confiance». Une règle de consensus définit la façon dont les informations (montant des fonds transférés, émetteurs et destinataires) sont validées au sein de chaque bloc de transactions dans un système entièrement décentralisé. Cette opération est assurée par des nœuds informatiques appelés «mineurs».

En l’occurrence, la règle de consensus sous-tendant les transactions de l’écosystème DIM-E et de sa place de marché HYBSE repose sur la preuve d’importance (proof of importance), appelée PoI. La PoI est une extension de la preuve de participation (PoS), celle-ci visant à démontrer que l’utilisateur a une participation significative au sein du réseau. Ce qui réduit le temps de validation des transactions par rapport à la règle traditionnelle – et gourmande en énergie – de la preuve de travail (PoW). 

Mais, par rapport à la PoS, la PoI va plus loin. Elle tient compte, en effet, non seulement de la participation des participants mais également de leur activité. Ainsi, plus la participation et l’activité sont élevées, plus les chances de valider et mettre à jour le registre des transactions sont élevées. Enfin, la stabilité opérationnelle des cryptomonnaies DIM sera assurée à travers les achats rapides et efficients de métaux précieux, servant de contreparties, à travers la filiale MINDEX Spot Limited, spécialisée dans le négoce de l’or, ainsi qu’à travers MINDEX Vaults, active dans le stockage sécurisé de la fortune.