«Dovish» Fed: quel impact sur les banques américaines?

Aabid Hanif, Indosuez Wealth Management

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Une pause prolongée dans les hausses de taux pourrait alléger les coûts de financement croissants des banques.

© Keystone

Lors de la réunion du Federal Open Committee (FOMC) du 1er mai dernier, le FOMC a annoncé qu’il maintiendrait le taux des fonds fédéraux à son niveau actuel de 2,25%-2,5%. Le Comité avait déjà annoncé au mois de mars qu’il n’y aurait pas de nouvelle hausse, un message réitéré ce mois en raison des chiffres faibles d’inflation. Cette communication signe un changement important par rapport à la réunion de décembre 2018, qui avait mis en avant deux hausses de taux pour 2019. Le taux directeur médian projeté pour la fin de l'année 2019 est passé de 3,125% à la réunion de septembre 2018 à 2,375% lors de la réunion de mars 2019. La raison invoquée par le FOMC pour justifier cette pause tient dans la dégradation des perspectives de croissance économique mondiale, qui ont ralenti par rapport au quatrième trimestre 2018, selon les projections de la Fed.

En ce qui concerne l’impact sur les banques américaines, la pause dans la hausse des taux d’intérêt pourrait prolonger l’environnement favorable concernant à la fois la qualité et la situation du crédit aux États-Unis, les emprunteurs bénéficiant d’un allégement du coût croissant du service de la dette, ce qui est favorable pour les profils de crédit et de risque des banques. Les emprunteurs ayant souscrit des prêts à taux variable connaîtront probablement un répit face à la hausse des taux de référence, tels que le taux préférentiel et le LIBOR. Toutefois, un ralentissement économique mondial pourrait également entraîner une baisse des revenus et des marges pour les entreprises américaines.

Les marges de crédit pourraient diminuer si les banques continuaient
de s’affronter pour des activités rentables.

En outre, la pause dans les hausses de taux pourrait entraîner une légère augmentation de la marge des banques qui ont été les plus agressives dans la hausse des taux des dépôts au cours de la période de resserrement actuelle. Les banques en ligne ou mobiles sont susceptibles de continuer à enregistrer des entrées de dépôts aux taux actuels, et le différentiel de taux entre les banques qui ont répercuté les hausses de taux moins élevées aux déposants (et ont un «deposit beta» plus faible) augmentera progressivement.

Toutefois, une pause prolongée dans la hausse des taux d’intérêt entravera probablement l’augmentation des marges de la majeure partie du secteur bancaire (négatif pour leur profil de crédit), dans la mesure où les prêts à taux variable cessent de se multiplier et que les taux de réinvestissement des portefeuilles obligataires s’aplatissent. En outre, la croissance du revenu net d’intérêts provenant surtout de la croissance du volume des prêts, les marges de crédit pourraient diminuer si les banques continuaient de s’affronter pour des activités rentables, accentuant davantage la pression sur leurs marges nettes d’intérêts.

Le ton «dovish» de la Réserve fédérale exercera une pression sur les revenus des banques américaines, mais la pause dans la hausse des taux pourrait également prolonger le climat favorable concernant la qualité du crédit. Une pause prolongée dans les hausses de taux pourrait alléger les coûts de financement croissants des banques, mais des pressions supplémentaires sur les revenus nets pourraient être exercées, les rendements des prêts et des titres demeurant probablement inchangés d'ici la fin de l'année et jusqu'en 2020. Pour le moment, l’impact est neutre sur les profils de crédit.

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