USA: les taux devraient repartir à la hausse mais «à un rythme plus lent», selon Jerome Powell

AWP

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Le président de la Réserve fédérale martèle que «presque tous» les responsables de l’institution anticipent de devoir les relever encore d’ici la fin de l’année.

La pause des hausses de taux d’intérêt marquée par la Fed la semaine passée risque de n’être que temporaire: le président de l’institution, Jerome Powell, a de nouveau averti mercredi qu’un ou plusieurs relèvements supplémentaires étaient à prévoir, à un rythme plus lent qu’auparavant cependant.

«Compte tenu du chemin parcouru, il peut être cohérent de relever les taux, mais de le faire à un rythme plus modéré», a déclaré le président de la Réserve fédérale américaine, lors de son audition devant une commission de la Chambre des représentants américaine.

Car, si l’inflation a ralenti depuis son pic il y a un an, elle reste bien trop élevée.

«Presque tous» les responsables du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale «s’attendent à ce qu’il soit approprié de relever encore quelque peu les taux d’intérêt d’ici la fin de l’année», a-t-il encore indiqué. Avec «une grande majorité» favorable à deux hausses.

La Fed a, le 14 juin, marqué une pause dans ses hausses du taux directeur, pour la première fois depuis mars 2022, et après 10 relèvements, de 5 points au total. Les taux sont désormais compris dans la fourchette de 5 à 5,25%.

Cela doit permettre d’»évaluer les informations et leurs implications pour la politique monétaire», a souligné M. Powell.

La prochaine réunion de la Fed aura lieu les 25 et 26 juillet.

«Nous progressons»

Les hausses de taux, qui conduisent les banques commerciales à augmenter le coût de leurs crédits aux ménages et aux entreprises, visent à faire ralentir l’activité économique, afin de desserrer la pression sur les prix et ralentir l’inflation.

Celle-ci reste «bien supérieure à notre objectif de 2% à long terme», a souligné le président de la Fed. «Nous avons encore du chemin à parcourir, mais nous progressons», a-t-il ensuite nuancé.

Les salaires ont fortement augmenté aux Etats-Unis, le manque de main d’oeuvre poussant les employeurs à offrir de meilleures conditions pour attirer les candidats et retenir leur personnel. Mais «l’inflation est si élevée qu’elle engloutit les hausses des salaires», a encore déploré le président de la Fed.

Toutefois, a-t-il averti, «la réduction de l’inflation nécessitera probablement une période de croissance inférieure à la tendance», a encore averti M. Powell.

Pendant que Jerome Powell était entendu par des élus de la Chambre des représentants, des sénateurs menaient l’audition des trois personnes choisies par le président Joe Biden pour les postes de vice-président et gouverneurs de la Fed.

Les trois économistes ont notamment été interrogés sur les risques liés à une concentration trop importante dans un secteur bancaire particulièrement agité depuis la chute de la Silicon Valley Bank, début mars.

«Nous apprécions le fait qu’il y ait une diversité des banques dans l’économie et nous ne voudrions pas trop de consolidation», a ainsi déclaré Philip Jefferson, l’un des gouverneurs de la Fed, choisi pour en devenir numéro deux.

La concentration bancaire, un «risque»

Le paysage bancaire américain est en effet composé, aux côtés des grands établissements aux noms connus à l’international, d’une multitude de petites banques locales ou régionales, les banques de proximité.

«Je pense que la diversité du secteur bancaire est essentielle, la concurrence dans le secteur bancaire est essentielle», a pour sa part relevé Adriana Kugler, actuellement l’une des responsables à la Banque mondiale, qui pourrait devenir la première gouverneure d’origine hispanique de la Fed.

Cette concurrence dans le secteur bancaire est, selon elle, «l’un des facteurs qui permet aux ménages à revenus faibles et modestes d’avoir accès au crédit. (...) Je crains une consolidation excessive».

Lisa Cook, qui siège au conseil des gouverneurs depuis un an et a été nommée pour un mandat complet, estime même que, sur le volet règlementation, les banques de proximité «ne devraient pas être accablées par la même exigence que les grandes banques et qu’elles devraient pouvoir prospérer dans ces communautés sans le fardeau d’une réglementation importante».

«La concentration bancaire est un risque pour la stabilité financière», a-t-elle averti.

Ces trois nominations, d’économistes afro-américains et hispanique, doivent permettre d’apporter plus de diversité à la Fed. Elles doivent désormais être validées par le Sénat.

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