USA: le marché du travail reste solide en mai

AWP

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Le mois dernier, 339’000 emplois ont été créés aux Etats-Unis, a annoncé vendredi le département du Travail, quand 190’000 seulement étaient attendus.

Le marché du travail est resté très solide en mai aux Etats-Unis, avec des créations d’emplois bien plus nombreuses qu’attendu et un taux de chômage historiquement bas. Les salaires, eux, grimpent moins vite, une bonne nouvelle pour la lutte contre l’inflation.

«Aujourd’hui est une bonne journée pour l’économie américaine et pour les travailleurs américains», s’est réjoui le président Joe Biden dans un communiqué.

En mai, 339’000 emplois ont été créés aux Etats-Unis, a annoncé vendredi le département du Travail, quand 190’000 seulement étaient attendus, selon le consensus de MarketWatch.

Parmi les secteurs prolifiques: les services aux professionnels et entreprises, les emplois liés au gouvernement, les soins de santé, la construction, les transports et la logistique, et l’assistance sociale.

En outre, les chiffres de mars et avril ont été révisés en hausse, faisant apparaître 93’000 emplois créés de plus qu’initialement annoncé.

Malgré ces créations d’emplois, le taux de chômage a augmenté, un peu plus même qu’attendu, à 3,7% (+0,3 point), quand les analystes tablaient sur 3,5%. Il est au plus haut depuis octobre 2022 mais à un niveau historiquement bas.

Histoires différentes

L’évolution dans des directions opposées des créations d’emplois et du taux de chômage s’explique par le fait que ces données sont issues de deux enquêtes différentes: l’une réalisée auprès des entreprises, l’autre auprès des ménages.

«L’enquête auprès des ménages, utilisée pour le taux de chômage, raconte une histoire très différente de celle de l’enquête auprès des entreprises, l’une montrant une faiblesse de l’emploi, l’autre une force», a ainsi commenté le chef économiste de l’association des banquiers immobiliers (MBA), Mike Fratantoni.

«La croissance de l’emploi se poursuit à un rythme rapide, mais les pressions sur les salaires ne suivent pas», relève Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE, notant que la hausse du salaire horaire moyen «a ralenti».

Cette hausse des salaires, en effet, a conduit la banque centrale américaine (Fed), qui est à la manoeuvre pour faire ralentir la forte inflation aux Etats-Unis, à s’intéresser tout particulièrement à la situation de l’emploi.

Départs en retraite pendant la pandémie, difficultés de garde d’enfants, mais aussi immigration très basse, ont, depuis plus de deux ans, conduit à une pénurie de travailleurs.

Cela a poussé les employeurs à relever les salaires pour attirer les candidats et conserver le personnel, contribuant à faire grimper l’inflation.

Le taux de participation au marché du travail reste toutefois stable, à 62,6%, détaille le département du Travail.

Dans le seul secteur privé, les créations d’emplois ont un peu ralenti en mai, mais restent solides, avec de fortes disparités entre les secteurs, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée jeudi.

Avec une hausse des salaires beaucoup moins forte: «l’inflation induite par les salaires pourrait être moins préoccupante pour l’économie malgré des embauches robustes», avait précisé Nela Richardson, cheffe économiste d’ADP.

Immigration

Depuis mars 2022, pour atteindre son objectif, la Fed relève ses taux directeurs. Cela conduit les banques à rehausser le coût des crédits qu’elles proposent aux ménages et aux entreprises, pour faire ralentir la consommation et l’investissement, et, in fine, desserrer la pression sur les prix.

Lors de sa prochaine réunion, les 13 et 14 juin, elle pourrait choisir de faire relever les taux pour une 11e fois d’affilée, ou faire une pause pour observer les effets des relèvements précédents et éviter de faire trop ralentir l’activité économique, afin d’éviter la récession.

Le président de la Fed de Philadelphie, Patrick Harker, a ainsi souligné jeudi qu’il «doit également y avoir une politique d’immigration sensée pour amener les personnes dont nous avons besoin» sur le marché du travail.

«Nous devons simplement reconnaître qu’il n’y a que deux solutions (...), faire revenir (dans l’emploi) plus de gens qui étaient sur la touche, ou faire entrer plus de gens dans le pays», a-t-il déclaré.

Si les employeurs ont toujours «des difficultés à trouver des travailleurs dans un large éventail de niveaux de compétence et de secteurs économiques», ils constatent «une embauche plus facile dans la construction, le transport et la finance», selon ce «Beige Book» (Livre Beige), un baromètre d’activité publié mercredi par la Fed.

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