USA: l’emploi toujours dynamique en avril, pas bon pour l’inflation

AWP

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Les créations de postes grimpent à 253'000, contre 165'000 en mars et 180'000 attendus par les analystes. Quant au chômage, il baisse encore à 3,4%, comme en janvier, son plus bas niveau depuis 1969.

Le marché de l’emploi aux Etats-Unis a rebondi de manière inattendue en avril, avec des créations d’emplois en hausse et un taux de chômage en baisse, bien loin du ralentissement attendu dans la lutte contre la forte inflation.

En avril, ce sont ainsi 253’000 emplois qui ont été créés, a annoncé vendredi le département du Travail, contre 165’000 en mars - un chiffre révisé en forte baisse.

L’emploi reste en hausse dans les services aux entreprises, les soins de santé, les loisirs et l’hôtellerie, ainsi que dans l’aide sociale, détaille le communiqué du département du Travail.

Quant au taux de chômage, il baisse encore, et tombe à 3,4% (-0,1 point), comme en janvier, son plus bas niveau depuis 1969. Les analystes tablaient sur 180’000 créations d’emplois et un taux de chômage à 3,6%, selon plusieurs consensus.

Une baisse des créations d’emplois et une hausse du taux du chômage sont pourtant attendus pour parvenir à juguler l’inflation. Celle-ci, toujours très forte, avait été alimentée, entre autres, par l’importante croissance des salaires liée au manque de main d’oeuvre.

Les salaires ont ainsi continué de grimper en avril, mais un peu moins vite. La hausse du salaire horaire moyen est de 4,4% sur un an, à 33,36 dollars, contre 4,6% le mois dernier.

«Force et stabilité»

«Les données montrent que le marché du travail reste tendu et que l’économie continue de créer des emplois à un rythme rapide», souligne pour sa part Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.

Ce rapport «montre à la fois force et stabilité. Force du nombre d’emplois ajoutés et stabilité de la diversité des endroits où ces emplois ont été ajoutés», a commenté Robert Frick, économiste pour Navy Federal Credit Union.

Les créations d’emplois dans le seul secteur privé, publiées mercredi, avaient donné le ton, en déjouant les pronostics, avec 296’000 emplois créés contre 142’000 le mois précédent, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.

La banque centrale américaine (Fed) est en première ligne pour lutter contre la forte inflation. C’est elle qui doit mettre fin à la surchauffe de l’économie nourrie par des années de taux d’intérêt très bas, qui a conduit à cette hausse des prix inédite depuis 40 ans.

Pour cela, elle relève ses taux depuis un an. Cela conduit les banques à, à leur tour, rehausser le coût des crédits qu’elles proposent aux ménages et aux entreprises, pour peser sur la consommation et l’investissement, et cesser l’escalade des prix.

La Fed les a encore augmentés mercredi, à l’issue de sa réunion de politique monétaire, pour la 10e fois d’affilée.

Plus d’emplois que de travailleurs

«Nous voyons certaines preuves d’un assouplissement des conditions du marché du travail», avait alors indiqué son président, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse, «mais, globalement, vous avez un taux de chômage au plus bas en 50 ans».

«La demande de main-d’oeuvre dépasse encore largement l’offre de travailleurs disponibles», avait-il également commenté.

Fin mars, il y avait encore près de 9,6 millions de postes vacants, selon l’enquête JOLTS du département du Travail publiée mardi. C’est, certes, en baisse régulière, mais cela reste à un niveau très élevé.

Toutefois, alors que l’activité économique ralentit sous la pression des hausses de taux, mais aussi de la récente crise du secteur bancaire qui restreint également l’accès des ménages et entreprises au crédit, une récession n’est pas à exclure, et le chômage devrait aussi augmenter.

Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics, anticipe ainsi un ralentissement de la croissance de l’emploi liée à «une légère récession» à venir, «les hausses de taux cumulées et le resserrement des normes de prêt pesant sur l’économie et le marché du travail au second semestre».

Le patron de la Fed estime cependant toujours qu’il est possible d’y échapper. Et, si récession il y a, elle pourrait être légère, avec hausse du chômage «plus faible que ce qui a été habituel dans les récessions de l’ère moderne».

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