Il faudra sans doute «plus longtemps que prévu» aux responsables de la banque centrale américaine (Fed), pour être certains que l’inflation ralentit de façon durable vers l’objectif de 2%, a averti mardi le président de l’institution, Jerome Powell.
«Les données récentes (...) indiquent qu’il faudra probablement plus de temps que prévu pour atteindre cette confiance», a déclaré le président de la Fed, lors d’une table ronde avec son homologue canadien.
«Les données les plus récentes montrent une croissance solide et une vigueur continue du marché du travail, mais également une absence de progression depuis le début de l’année quant à notre objectif de retour à 2% d’inflation», a-t-il détaillé.
L’inflation, qui avait nettement ralenti au cours des derniers mois de 2023, a depuis, accéléré de nouveau.
Elle s’est élevée en mars à 3,5% sur un an contre 3,2% en février, selon l’indice CPI.
La Fed privilégie une autre mesure, l’indice PCE, qu’elle veut ramener à 2%, et qui est remonté en février à 2,5% sur un an en février, contre 2,4% en janvier. Les données de mars seront publiées le 26 avril.
Jerome Powell a rappelé que le comité de politique monétaire de la Fed attend d’avoir «une plus grande confiance dans le fait que l’inflation évolue durablement vers 2% avant qu’il ne soit approprié d’assouplir (sa) politique», c’est-à-dire que commencer à abaisser les taux.
«Nous avons adopté cette approche prudente, et recherché cette plus grande confiance, afin de ne pas réagir de manière excessive à la série de faibles chiffres d’inflation du second semestre de l’année dernière», a-t-il détaillé.
Les marchés qui, il y a quelques semaines encore, tablaient sur une première baisse des taux dès le mois de juin, l’attendent désormais plutôt pour septembre, voire même novembre, selon l’estimation de CME Group.
Les taux plafonnent depuis juillet à leur plus haut niveau depuis 20 ans, entre 5,25 et 5,50%, entraînant un coût élevé du crédit pour les entreprises et les ménages.
Pourtant, ils se situent actuellement au bon niveau «pour faire face aux risques auxquels nous sommes confrontés», selon Jerome Powell.
Ainsi, «si l’inflation élevée persiste, nous pouvons maintenir le niveau actuel (des taux) aussi longtemps que nécessaire», tout en disposant «d’une marge de manoeuvre importante pour l’assouplir si le marché du travail s’affaiblissait de manière inattendue», a-t-il détaillé.
La prochaine réunion de la Fed aura lieu les 30 avril et 1er mai.