USA: le rebond de l’inflation repousse la perspective d’une baisse des taux

AWP

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L’indice CPI monte à 3,5% en mars sur un an, contre 3,2% en février. Les analystes tablaient sur une hausse moins marquée.

Le nouveau rebond de l’inflation aux Etats-Unis au mois de mars pourrait enterrer définitivement la perspective d’une première baisse des taux par la Réserve fédérale (Fed) lors de sa réunion prévue mi-juin, une perspective longtemps espérée par les marchés mais qui semble désormais repoussée.

La hausse des prix à la consommation a en effet continué à accélérer le mois dernier, à 3,5% sur un an contre 3,2% au mois de février, selon l’indice CPI publié mercredi par le département du Travail, décevant une nouvelle fois les analystes qui espéraient une hausse moins marquée.

La hausse des prix à la consommation est en revanche restée inchangée sur un mois, à 0,4%, comme le mois précédent, alors que le consensus anticipait une légère décélération, à 0,3% selon MarketWatch.

L’inflation sous-jacente, c’est-à-dire hors énergie et alimentation et donc jugée moins volatile, est de son côté restée inchangée sur un an, à 3,8%, alors que les analystes espéraient la voir poursuivre son ralentissement progressif, ainsi que sur un mois, à 0,4% par rapport à février, pourtant elle aussi attendue en léger ralentissement.

Les marchés réagissaient négativement à l’ouverture de Wall Street, les trois indice reculant dans les premiers échanges, entre 0,94% (Dow Jones) et 1,22% (Nasdaq).

«L’inflation a baissé par rapport à son pic (de juin 2022, ndlr) mais il reste beaucoup à faire pour baisser le coût pour les familles», a concédé dans un communiqué le président américain Joe Biden. «J’appelle les entreprises, y compris les supermarchés, à utiliser leurs profits records pour baisser les prix», a-t-il insisté.

«Nous pouvez dire adieu à la possibilité d’une baisse des taux au mois de juin. L’absence de progrès vers la cible de 2% est désormais une tendance», a estimé dans une note Greg McBride, analyste financier en chef pour Bankrate.

«Il n’y a aucune amélioration, nous allons dans la mauvaise direction, et les principaux points problématiques persistent», a-t-il ajouté.

Baisse après les élections?

L’inflation reste en effet largement tirée, comme depuis le début de l’année, par les prix de l’essence, du logement et des transports, alors qu’à l’inverse, les prix de l’alimentation dont l’évolution est particulièrement perceptible pour les consommateurs, restent quasi inchangés pour le deuxième mois consécutif.

«Les dernières données soutiennent l’hypothèse d’une approche patiente en terme de politique monétaire (de la part de la Fed, ndlr) et sur l’absence de nécessité pour une baisse des taux de manière imminentes», a appuyée de son côté Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.

Signe de la prise de conscience par les marchés que la première baisse est désormais retardée, près de 77% des analystes anticipent désormais un maintien des taux à leur niveau actuel lors de la réunion de mi-juin, alors qu’une majorité y voyait la veille la date de la première baisse.

Désormais, cette première baisse n’est anticipée par une majorité d’analyste que lors de la réunion prévu mi-septembre, soit à peine plus d’un mois et demi avant les élections présidentielles.

Or l’évolution des prix aux Etats-Unis est un sujet particulièrement sensible en cette année électorale, alors que le président sortant démocrate a tenté dans un premier temps de centrer sa campagne sur la réussite de sa politique économique.

Mais la perception des électeurs s’est avérée très différente des données macro-économiques, notamment du fait précisément de la hausse des prix nettement plus marquée observée depuis plus de deux ans désormais.

L’indice CPI est celui sur lequel sont notamment indexées les retraites des Américains. Mais la Réserve fédérale (Fed), elle, privilégie une autre mesure, l’indice PCE, dont les données pour mars seront publiées le 26 avril.

Les deux indices ne mesurent pas exactement les mêmes choses, l’indice CPI accordant notamment une place nettement plus importante dans son évaluation de l’évolution des prix au montant des loyers que ne le fait l’indice PCE.

La banque centrale envisage toujours de commencer à réduire ses taux cette année mais ses responsables ont largement temporisé ces dernières semaines en disant préférer attendre plusieurs mois afin d’être certains que l’inflation ne risque pas de rebondir.

Début avril, un responsable de la Fed avait même expliqué ne s’attendre qu’à une seule baisse des taux cette année, sans doute au dernier trimestre, alors que les deux dernières réunions de l’institution sont attendues après les élections présidentielles, le 5 novembre.

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