Cette dégringolade, moins importante que les 35% attendus par les analystes, marque l’entrée officielle en récession de la première économie du monde.
Le confinement du printemps a précipité brutalement l’économie américaine dans la récession, et les Etats-Unis ont enregistré une chute historique de leur Produit intérieur brut au deuxième trimestre, qui a plongé de 32,9%.
Cette chute est toutefois moins importante que les 35% attendus par les analystes ou que les 37% estimés par le Fonds monétaire international.
Ce deuxième trimestre consécutif de baisse du PIB marque l’entrée officielle en récession de la première économie du monde. Au premier trimestre, le PIB américain avait en effet déjà reculé (-5%) sous l’effet des premières mesures de confinement imposées à la mi-mars.
Par rapport au deuxième trimestre 2019, la baisse est de 9,5%, comparable à celles des pays européens également durement affectés par la crise sanitaire et économique.
La chute du PIB «reflète la réponse apportée au COVID-19, avec des mesures de confinement imposées en mars et en avril», a résumé le département du Commerce.
Ce confinement a toutefois été «partiellement (compensé) par la réouverture d’une partie de l’activité dans certaines régions du pays en mai et juin», est-il précisé.
La comparaison avec d’autres pays n’est pas aisée car la mesure utilisée aux Etats-Unis est l’évolution en rythme annualisé, qui compare le PIB à celui du trimestre précédent, et projette l’évolution sur l’année entière à ce rythme.
Elle diffère du glissement annuel, qui compare le PIB à celui du même trimestre de l’année précédente.
Cette baisse vertigineuse est largement due à la diminution des dépenses de consommation qui ont dégringolé de 34,6% au deuxième trimestre, en rythme annualisé également.
A titre de comparaison, le pire trimestre de la Grande récession a été le quatrième trimestre de 2008, et le PIB réel s’était contracté de 8,4% en rythme annualisé.
Pour l’ensemble de l’année 2020, la baisse attendue est de 6,5%, avant un rebond de 5% en 2021 et une croissance plus modeste (3,5%) l’année suivante, selon les prévisions publiées début juin par la Banque centrale américaine.
Le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, la voit à 20% pour les troisième et quatrième trimestres 2020.
Avec des usines mises à l’arrêt pendant plusieurs semaines, des commerces et restaurants fermés, des quartiers d’affaires entièrement désertés par les cols blancs, le Grand confinement, entamé mi-mars aux Etats-Unis, a arrêté en pleine course une économie en bonne santé.
Des millions d’Américains ont perdu leur emploi et sont toujours au chômage dans un marché du travail sinistré.
Et la recrudescence de cas de COVID-19 dans le pays, notamment dans le sud et l’ouest, à partir de fin juin, a poussé une large partie du pays à mettre un frein à la réouverture, voire à reconfiner partiellement.
Conséquence directe: les nouvelles inscriptions au chômage ont enregistré depuis mi-juillet deux semaines de hausse, alors qu’elles diminuaient depuis le record enregistré à la fin du mois de mars.
Du 20 au 25 juillet, 1,43 million de nouveaux Américains ont pointé au chômage.
A moins de 100 jours de l’élection présidentielle, Donald Trump, qui brigue un second mandat à la Maison Blanche, mise beaucoup sur le rebond de l’économie.
Il s’est posé en victime de critiques jugées injustes sur sa gestion de la pandémie, qui a fait plus de 150.000 morts aux Etats-Unis, de loin le pays le plus touché.
«Cette pandémie est le plus grand choc pour l’économie américaine de mémoire humaine», passant «du plus bas niveau de chômage en 50 ans, aux plus hauts niveaux depuis 90 ans, et cela en deux mois», a souligné mercredi le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell.
L’institution, qui a sans surprise maintenu mercredi ses taux au plus bas, à zéro, a rappelé qu’elle soutiendrait aussi longtemps que nécessaire l’économie américaine.
Mais, elle a aussi pressé le gouvernement à aider financièrement les entreprises et les ménages qui peinent à sortir la tête de cette crise.
Contrôler le virus est une condition sine qua non pour une véritable reprise, a-t-il encore souligné.