USA: bond inattendu des créations d’emplois en janvier, chômage au plus bas depuis 1969

AWP

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Au cours du premier mois de l’année, ce sont 517’000 postes qui ont été créés, annonce le gouvernement, alors que les analystes tablaient sur un ralentissement, à 187'000 unités.

Le marché de l’emploi aux Etats-Unis a déjoué les pronostics en janvier, affichant une santé de fer en dépit des craintes de ralentissement et annonces de licenciements, avec un rebond des créations d’emplois, et un taux de chômage au plus bas depuis 1969.

Au cours du premier mois de l’année, 517’000 emplois ont été créés, a annoncé vendredi le département du Travail.

«La croissance de l’emploi a été généralisée, tirée par des gains dans les loisirs et l’hôtellerie, les services professionnels et commerciaux et les soins de santé», détaille le département du Travail dans son communiqué.

C’est près du double des 260’000 emplois qui avaient été créés en décembre, selon des données révisées à la hausse et également publiées vendredi. Les analystes, eux, prévoyaient un ralentissement, à 187’000, selon le consensus de Briefing.com.

«Le rythme de croissance de l’emploi avait eu tendance à baisser au cours des six derniers mois, mais janvier a rompu cette tendance», observe le chef économiste de l’association des banquiers immobiliers (MBA), Mike Fratantoni.

Quant au taux de chômage, qui avait déjà retrouvé depuis plusieurs mois son niveau d’avant la pandémie, le plus bas en 50 ans, il recule encore un peu, à 3,4% (-0,1 point).

Le président américain Joe Biden doit s’exprimer depuis la Maison Blanche à 10H15 (15H15 GMT).

«Si les commentateurs économiques ont été cohérents sur deux points depuis que (Joe Biden) est devenu président, c’est: (1) prédire une récession au cours des six prochains mois, et (2) se tromper à chaque fois», a ironisé son chef de cabinet, Ron Klain, sur Twitter.

«Grande démission»

«Le marché du travail est bien trop fort pour la bonne santé de l’économie!», avertit cependant Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour la compagnie d’assurances Nationwide.

Cela augmente en effet, paradoxalement, le risque de récession. Car la banque centrale américaine, la Fed, devrait vouloir continuer de relever ses taux, pour faire ralentir l’économie, et ainsi être certaine de faire rentrer dans les clous la trop forte inflation.

Les chiffres des créations d’emplois dans le seul secteur privé, publiés mercredi, avaient pourtant montré un fort ralentissement, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.

Mais cela était dû à des conditions météorologiques défavorables, notamment des inondations dévastatrices en Californie. Et qu’on ne s’y trompe pas: le marché du travail est «toujours solide en dehors des conséquences météorologiques», avait indiqué la cheffe économiste d’ADP, Nela Richardson.

Un signe, quand même, tend à montrer que la situation évolue: la hausse des salaires est désormais moins forte, + 4,4% par rapport à janvier 2023, contre +4,8% en décembre sur un an. La hausse des salaires avait grimpé jusqu’à 5,9% sur un an en mars.

Depuis près de deux ans en effet, la balle est dans le camp des employés, tant le pays manque de main d’oeuvre. Les entreprises, ne parvenant pas à trouver suffisamment de travailleurs, ont dû proposer des salaires plus élevés, en plein épisode de flambée de l’inflation.

La «Grande Démission» a ainsi vu des millions de personnes quitter leur emploi pour profiter de conditions plus favorables dans une autre entreprise.

Question de temps

Echaudés par ces difficultés et alors que l’économie montre des signes de ralentissement, les employeurs hésitent désormais à licencier ces salariés qu’ils ont eu tant de mal à recruter et qu’ils ont dû former.

Les entreprises du secteur de la «tech» cependant, qui avait recruté à tour de bras depuis le début de la pandémie, voit la situation se retourner et les annonces de licenciements se multiplient, au sein de la maison mère de Google, Alphabet, Amazon, Meta, ou encore Microsoft.

Mais ailleurs, ce sont aussi FedEx, 3M, ou encore Goldman Sachs, qui se séparent d’une partie de leur personnel.

Malgré cela, «les licenciements dans l’ensemble (...) restent faibles, et (ceux) que nous constatons dans certains secteurs ne se sont pas encore traduits par une augmentation des nouvelles demandes d’assurance-chômage», avait relevé jeudi Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.

Les inscriptions au chômage, en effet, ont même reculé au cours de la dernière semaine de janvier, tombant à leur plus bas niveau depuis le mois d’avril, avait annoncé le département du Travail.

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