USA: Biden en mauvaise posture deux semaines des élections de mi-mandat

AWP

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Lors d’un entretien très rare, donné à la chaîne CBS, le dirigeant démocrate a pour la première fois fait savoir qu’il n’avait pas décidé s’il comptait se représenter à la présidentielle américaine de 2024.

A deux semaines d’élections législatives cruciales pour la suite du mandat de Joe Biden, les républicains semblent bien placés pour priver le président démocrate de sa majorité au Congrès.

La perte du contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat le 8 novembre serait une lourde défaite pour le locataire de la Maison Blanche, qui dans les sondages bénéficiait jusqu’à peu d’une embellie, mise à mal par les difficultés économiques de l’Amérique.

Le prix de l’essence, des courses, des bonbons pour Halloween... l’opposition républicaine éreinte quotidiennement le bilan de Joe Biden et de son parti sur l’inflation, de loin la principale préoccupation des électeurs américains, d’après les enquêtes d’opinion.

Lors de ces élections de mi-mandat, les «midterms», les Américains sont appelés à renouveler l’ensemble des 435 sièges de la Chambre américaine des représentants et un tiers du Sénat. Toute une série de postes de gouverneurs et d’élus locaux sont également en jeu.

Organisées deux ans après la présidentielle, ces élections se convertissent de fait en référendum sur l’occupant de la Maison Blanche. Le parti du président n’échappe que très rarement au vote sanction. Selon les enquêtes d’opinion les plus récentes, l’opposition républicaine a de très grandes chances de s’emparer de la Chambre. Les sondeurs sont plus mitigés quant au sort du Sénat.

«Un dernier revirement»

«Les sondages ont dit tout et son contraire», a balayé le président américain lundi. «Les républicains en tête, les démocrates en tête, les républicains en tête», a-t-il énuméré lors d’un discours devant des membres de son parti. «Mais je pense que ça va se conclure par un dernier revirement: les démocrates en tête», a-t-il affirmé.

Face au mécontentement croissant concernant l’inflation et au risque de récession qui amenuise les chances d’un tel succès électoral, le leader démocrate mise sur l’indignation déclenchée par la volte-face de la Cour suprême en matière d’avortement pour faire le plein des voix à gauche et au centre.

Le 8 novembre, les «Américains ont le choix», ne cesse de répéter Joe Biden. Il exhorte ses concitoyens à lui confier des majorités parlementaires suffisantes pour rendre à nouveau l’avortement légal sur tout le territoire, protéger le mariage pour les personnes de même sexe, et interdire les fusils d’assaut.

Est-ce par défense de ces valeurs, ou au contraire par rejet de la politique du président? Près de 8 millions de personnes ont déjà voté aux «midterms» de façon anticipée selon le US Elections Project, notamment dans les Etats les plus disputés.

Duels haletants

Concrètement, la bataille pour le contrôle du Congrès se joue dans une poignée d’Etats-clés -- les mêmes qui étaient déjà en jeu lors de l’élection présidentielle de 2020.

Tous les projecteurs sont ainsi braqués sur la Pennsylvanie où le chirurgien superstar Mehmet Oz, adoubé par Donald Trump, affronte un colosse chauve qui ne quitte jamais son sweat-shirt, le démocrate John Fetterman, pour un siège au Sénat américain.

Comme en 2020, la Géorgie est elle aussi au coeur de toutes les convoitises. Le démocrate Raphael Warnock, premier sénateur noir jamais élu dans cet Etat au lourd passé ségrégationniste, tente de se faire réélire face à Herschel Walker, ancien sportif afro-américain, lui aussi soutenu par l’ancien président.

Ces duels haletants sont alimentés à coup de centaines de millions de dollars.

L’Arizona, le Nevada, l’Ohio, le Wisconsin et la Caroline du Nord sont également le théâtre de luttes intenses, où les candidats démocrates sont tous opposés à des lieutenants de Donald Trump.

L’ex-locataire de la Maison Blanche, cerné par les enquêtes parlementaires ou judiciaires, s’est jeté à corps perdu dans la campagne, multipliant les meetings à travers le pays. Ces élections font office de test grandeur nature pour l’avenir politique du milliardaire républicain, qui flirte ouvertement avec une candidature à la présidentielle de 2024.

Joe Biden, président bientôt octogénaire, à l’agilité mentale déclinante selon ses détracteurs les plus féroces, répète lui aussi avoir l’»intention» d’être à nouveau candidat, préfigurant un possible remake du duel de 2020.

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