Ukraine: l’UE s’accorde sur un embargo pétrolier, Moscou se renforce au Donbass

AWP

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Les 27 pays membres de l’Union européenne se sont mis d’accord dans la nuit de lundi à mardi sur un embargo progressif. Il concernera dans un premier temps le pétrole transporté par bateau.

Kiev a remporté la bataille de l’embargo pétrolier européen, censé assécher le financement de «la machine de guerre» de Moscou, mais les forces russes continuaient mardi de se concentrer dans l’est de l’Ukraine, notamment autour de la ville-clé de Severodonetsk, dans le Donbass.

Les 27 pays membres de l’Union européenne se sont mis d’accord dans la nuit de lundi à mardi sur un embargo progressif. Il concernera dans un premier temps le pétrole transporté par bateau, soit les deux tiers des achats européens d’or noir russe. Une exemption temporaire a été prévue pour le pétrole acheminé par oléoduc, afin de lever le veto de Budapest.

«Cela va couper une énorme source de financement de la machine de guerre de la Russie», a tweeté le président du Conseil européen Charles Michel.

L’extension de l’embargo aux livraisons par oléoduc sera ensuite discutée «dès que possible» et, au total, ce sont 90% des exportations de pétrole russe vers l’UE qui seront arrêtées d’ici la fin de l’année, ont affirmé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président français Emmanuel Macron.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait interpellé un peu plus tôt les Européens sur leur nécessité de faire front face à Moscou, dans un message vidéo diffusé lors du sommet extraordinaire à Bruxelles.

Arme énergétique

«Le point-clef bien sûr c’est le pétrole. L’Europe devra renoncer au pétrole russe. Car il en va de l’indépendance même des Européens vis-à-vis de l’arme énergétique russe», a-t-il commenté lundi soir dans son adresse quotidienne à ses compatriotes, avant même que la nouvelle de Bruxelles ne tombe.

Ce sixième paquet de sanctions européennes comprend aussi l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont la Sberbank, principal établissement du pays.

Des bouleversements commencent à se faire sentir dans l’économie russe, malgré l’impression donnée de résister aux sanctions. Le prix des pièces détachées de voitures étrangères a ainsi bondi de 30% ou plus.

L’inflation, de près de 18% annuels en avril, est à son plus haut en 20 ans. Des enseignes comme McDonald’s ou Starbucks se retirent définitivement, tout comme le constructeur automobile Renault.

De la compagnie aérienne Ural Airlines aux usines d’Avtovaz, premier producteur de voitures du pays, à l’arrêt faute de pièces détachées, des dizaines de milliers de personnes sont au chômage partiel ou en congés forcés.

La crise alimentaire au menu mardi

Les dirigeants européens ont également approuvé lundi soir l’octroi de 9 milliards d’euros au gouvernement ukrainien pour couvrir ses besoins immédiats en liquidités afin de faire fonctionner son économie.

Le sommet de deux jours doit aussi aborder mardi la transition énergétique du continent pour se passer du gaz russe, et la crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine qui menace en particulier le continent africain.

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré lundi à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, lors d’un entretien téléphonique, que la Russie était prête à travailler avec la Turquie à la libre circulation des marchandises en mer Noire, dont «l’exportation des céréales provenant des ports ukrainiens», selon un communiqué du Kremlin.

L’Ukraine et les pays occidentaux accusent Moscou de bloquer les ports ukrainiens de la mer Noire, ce que réfutent les responsables russes.

Les forces russes progressent dans l’est du pays. Elles affrontent les forces ukrainiennes au coeur de Severodonetsk, qui avec Lyssytchansk est une ville-clé des parties du Donbass encore sous contrôle ukrainien.

L’armée russe tente d’encercler Severodonetsk et d’en prendre le contrôle depuis plusieurs semaines, dans une offensive qui s’est intensifiée ces derniers jours, face à laquelle le président Zelensky a reconnu que l’armée ukrainienne était en difficulté.

«La situation dans le Donbass reste extrêmement difficile. L’armée russe essaye d’y concentrer ses forces pour mettre de plus en plus de pression sur nos défenseurs», a déclaré le président Zelensky lundi soir.

Les forces russes visent à contrôler ce bassin minier, dont des forces séparatistes prorusses appuyées par Moscou ont pris le contrôle partiel en 2014.

C’est dans cette zone qu’a été tué lundi un journaliste français, Frédéric Leclerc-Imhoff, qui travaillait pour la chaîne BFMTV.

La réalité de la guerre

Il «était en Ukraine pour montrer la réalité de la guerre. A bord d’un bus humanitaire, aux côtés de civils contraints de fuir pour échapper aux bombes russes, il a été mortellement touché», a annoncé le président français Emmanuel Macron sur Twitter.

Les forces ukrainiennes ont affirmé néanmoins regagner du terrain dans le sud, notamment dans la région autour de Kherson, ville proche de la Crimée passée sous contrôle russe début mars.

«L’ennemi a quitté le village de Mykolaïvka, dans le nord de la région de Kherson», affirme un bulletin de l’armée ukrainienne publié dans la nuit de lundi à mardi, évoquant le départ en «panique» de soldats russes «démoralisés».

 

Une pétition pour une protection S à tous les réfugiés

L’organisation Campax a lancé une pétition réclamant le statut de protection S pour tous les réfugiés d’Ukraine. Plus de 4000 personnes ont déjà signé le texte, a indiqué Campax mardi matin dans un communiqué.

La pétition doit être remise à la chancellerie fédérale à Berne jeudi prochain dans l’après-midi.

Pour l’association, il est inadmissible que des Ukrainiens, ayant fui sans papiers d’identité leur pays attaqué par la Russie, ne sont pas autorisés à rester en Suisse. C’est discriminatoire et contraire à la solidarité dont la Suisse se vante depuis le début de la guerre, ajoute-t-elle.

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