Situation sur le terrain, réactions internationales, sanctions: le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
L’armée ukrainienne dit progresser dans le Sud, dans la région de Kherson, quand les Russes avancent à l’Est vers les villes clés de Severodonetsk et Lyssytchansk: les combats se poursuivent en Ukraine sur fond de négociations au point mort.
Voici un point de la situation au 96e jour de la guerre à partir d’informations de journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.
Les forces russes ont progressé vers le centre de Severodonetsk, pilonnée depuis des semaines et où se déroulent désormais des combats de rue, selon le gouverneur de la région.
«Les combats se poursuivent, la situation est très difficile», a indiqué sur Telegram Serguiï Gaïdaï, à la tête de la région de Lougansk. Selon lui, deux personnes ont été blessées lundi lorsque leur voiture a été prise pour cible et trois médecins sont portés disparus.
«L’infrastructure critique de Severodonetsk est détruite, 60% du parc de logements ne peut pas être restauré», a poursuivi M. Gaïdaï.
Au moins cinq civils sont morts lundi, dont une jeune fille de 14 ans, et 16 personnes ont été blessées dans des bombardements ukrainiens à Donetsk, dans l’Est séparatiste de l’Ukraine, a annoncé le Comité d’enquête russe.
L’Ukraine dit reprendre du terrain dans la région de Kherson, aux mains des Russes depuis le début de l’invasion.
L’armée ukrainienne affirme avancer du côté des villages d’Andriyivka, Lozove et Bilohirka et indique que les forces russes ont fait venir des forces spéciales à Mykolayiv, la ville voisine, «dans le dessein de mener des actions offensives pour récupérer des positions perdues».
Cette région avait été entièrement conquise par l’armée russe après son offensive lancée le 24 février. Kherson est située près de l’embouchure du Dniepr, sur la mer Noire.
Une voiture piégée a explosé lundi matin à Melitopol, faisant deux blessés, a indiqué l’administration prorusse de la ville occupée par les forces russes, qui accuse Kiev d’être derrière cet «attentat».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky devait parler lundi au début d’un sommet européen, par visioconférence depuis Kiev.
Un sixième paquet de sanctions contre Moscou est au menu de cette réunion des Vingt-Sept. Outre l’embargo pétrolier, il vise l’exclusion de banques russes du système financier international Swift et une aide à l’Ukraine allant jusqu’à neuf milliards d’euros en 2022.
La nouvelle ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, en visite en Ukraine (photo), s’est rendue à Boutcha, dans la banlieue de Kiev, où ont eu lieu des massacres de civils dont les troupes russes sont accusées par les autorités ukrainiennes.
Après le départ des soldats russes fin mars de cette localité et la découverte de centaines de cadavres de civils ukrainiens, Boutcha est devenue le symbole des crimes de guerre imputés à la Russie par l’Ukraine.
«Cela ne devrait pas arriver, il ne faut pas que ça recommence», a déclaré la cheffe de la diplomatie française.
Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), les autorités ukrainiennes parlaient de 20.000 morts il y a plusieurs semaines.
Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à plus de 30.350 hommes, 207 avions et plus de 1.350 chars depuis le début du conflit.
Des sources occidentales évoquent quelque 12.000 soldats russes tués, et une source militaire française a confirmé à l’AFP un chiffre estimé à 15.000.
Ces pertes sur trois mois avoisinent celles enregistrées en neuf ans par l’armée soviétique en Afghanistan, note le ministère britannique de la Défense.
Le président Zelensky a déclaré mi-avril qu’environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10.000 blessés. Aucune statistique indépendante n’est disponible.
Plus de huit millions d’Ukrainiens étaient déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). S’y ajoutent 6,7 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié - 3,6 millions - en Pologne.
Avant l’invasion russe, l’Ukraine comptait une population de 37 millions de personnes dans les régions sous le contrôle de son gouvernement.