UBS estime la perte de la BNS à 14 milliards de francs pour 2018

AWP

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Sur le seul quatrième trimestre 2018, la perte devrait s’inscrire à quelque 6 milliards de francs, après un débours de 12,94 milliards au cours des trois mois précédents, indique lundi UBS.

La Banque nationale suisse (BNS), qui fournira mercredi de premiers éléments sur sa performance en 2018, devrait avoir basculé dans le rouge, estime UBS. Selon le numéro un bancaire helvétique, l’institut d’émission devrait avoir essuyé une perte annuelle de près de 14 milliards de francs, après avoir affiché un bénéfice record de 54 milliards en 2017.

Sur le seul quatrième trimestre 2018, la perte devrait s’inscrire à quelque 6 milliards de francs, après un débours de 12,94 milliards au cours des trois mois précédents, indique lundi UBS. Pour mémoire, l’institut d’émission avait bouclé les six premiers mois de l’année sur un bénéfice de 5,1 milliards.

A fin 2018, les fonds propres de la BNS devraient avoir fléchi à 120 milliards de francs, contre 137 milliards douze mois auparavant, soit un niveau nettement supérieur aux 85 milliards de francs affichés à fin 2016. Conséquence de la perte, la réserve pour distributions futures aux collectivités publiques devrait s’être contractée de 74 à 53 milliards.

La chute attendue de la réserve pour distributions futures ne remet cependant pas en question l’attribution de 2 milliards aux cantons et la Confédération. Ce versement, plafonné à 2 milliards, pour autant que la somme réservée à cet effet dépasse les 20 milliards, est réglé par une convention conclue à l’automne 2016 entre la Confédération et la BNS pour la période 2016-2020.

Marchés d’actions chahutés

La perte essuyée au quatrième trimestre 2018 reflète pour l’essentiel un environnement de marché particulièrement difficile en fin d’année. Face au ralentissement de la conjoncture mondiale entre octobre et fin décembre, auquel sont venues s’ajouter les incertitudes quant à la politique monétaire de la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, ainsi que les risques d’ordre politique, les marchés d’actions ont subi une sévère correction. L’indice global en la matière MSCI World a ainsi perdu 13,5% de sa valeur au quatrième trimestre.

Lors du trimestre précédent, l’institut d’émission helvétique avait en revanche tiré profit de la diversification de ses investissements sur les marchés d’actions américains. Il n’en reste pas moins que les actions ont été sérieusement chahutées dans l’ensemble des régions entre début octobre et fin décembre. Outre-Atlantique, l’indice MSCI Amérique du Nord s’est effondré de 14,5%, son équivalent européen a trébuché de 13,5% et celui des marchés émergents a lâché quelque 8%.

Au final, la BNS devrait avoir essuyé une perte de 21 milliards de francs sur son portefeuille d’actions. Toutefois, la banque centrale helvétique devrait être parvenue à limiter les dégâts du fait de la structure défensive de ses engagements, l’institut d’émission investissant pas moins de 70% de ses fonds dans des obligations, dont pratiquement 70% d’emprunts d’Etat. Et 95% de ces placements disposent d’une notation A, au minimum.

De plus, la BNS dispose de réserves d’or se montant à 40 milliards de francs, lesquelles représentent 5% du total du bilan, note UBS. Au quatrième trimestre, tant l’or que les obligations ont joué leur rôle de stabilisateurs du portefeuille de placements de la banque nationale. Sur cette période, le cours du précieux métal s’est apprécié de plus de 8% en francs, contribuant à une plus-value supérieure à 3 milliards pour le stock détenu par l’institut d’émission.

Allocation de devises risquée

En matière d’allocation de devises, le portefeuille de la BNS affiche en revanche une forte exposition au risque, celui-ci se composant exclusivement de monnaies étrangères, conséquence des interventions opérées ces dernières années par la banque centrale sur les marchés de changes face à l’appréciation du franc. Cet important engagement n’a cependant pas trop pesé sur la performance trimestrielle.

Si le franc s’est légèrement apprécié (+0,7%) par rapport à l’euro et plus fortement au regard de la livre sterling (1,8%), la devise helvétique a perdu du terrain face au dollar américain (1,1%) et au yen japonais (-3,3%). Si le franc a continué de jouer son rôle de valeur refuge en fin d’année 2018, le yen et le billet vert ont encore été plus recherchés.

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