La BNS opte une nouvelle fois pour le statu quo

AWP

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Le président Thomas Jordan estime que «la situation sur le marché des changes demeure fragile».

Au vu d’une situation toujours fragile sur le marchés de changes, la Banque nationale suisse (BNS) maintient, comme attendu, inchangé le cap de sa politique monétaire expansionniste. En revanche, elle révise à la baisse sa prévision de croissance de l’économie helvétique pour cette année à environ 2,5%, contre 2,5 à 3% jusqu’alors. L’an prochain l’expansion est attendue à 1,5%.

Expliquant jeudi le maintien du cap expansionniste en matière de politique monétaire, la BNS observe que «la situation sur le marché des changes demeure fragile». Dans l’ensemble, le franc s’inscrit toujours «à un niveau élevé». Depuis l’examen de septembre 2018, il n’a pratiquement pas varié face à la devise européenne. Il s’est légèrement déprécié en valeur pondérée par le commerce extérieur.

«Actuellement, aucune raison ne motive un changement de politique monétaire», a déclaré devant la presse à Berne Thomas Jordan, le président du directoire de l’institut d’émission. «Les incertitudes économiques et politiques exposent les cours de change à des risques de fluctuations fortes et abruptes», a-t-il expliqué.

Dès lors, le taux d’intérêt négatif et la disposition de la Banque nationale à intervenir au besoin sur le marché des changes sont toujours nécessaires. Maintenant à un bas niveau l’attrait des placements en francs, ils réduisent les pressions à la hausse sur la monnaie helvétique.

Normalisation attendue

Dans les faits, le taux d’intérêt appliqué aux avoirs à vue reste donc fixé à -0,75% et la marge de fluctuation du Libor à trois mois entre -1,25% et -0,25%. Ayant anticipé le statu quo, les économistes ne s’attendent pas à un tour de vis de la BNS avant un éventuel relèvement des taux par la Banque centrale européenne (BCE), pas prévu avant le troisième trimestre 2019.

Evoquant le sujet, M. Jordan a noté qu’une «normalisation de la politique monétaire dans l’Union européenne constituerait un bon signe pour nous». Mais pour l’heure, la BNS rappelle dans sa rhétorique habituelle qu’elle «continue d’intervenir au besoin sur le marché des changes en tenant compte de la situation pour l’ensemble des monnaies».

Examinant la situation conjoncturelle, la BNS révise à la baisse sa prévision de croissance pour l’économie helvétique cette année, après l’avoir revue à la hausse entre 2,5 et 3% il y a trois mois. L’institut d’émission anticipe désormais une expansion du produit intérieur brut (PIB) de 2,5%. Pour 2019, la progression est attendue à 1,5%.

Au troisième trimestre, la croissance mondiale a perdu un peu de sa vigueur, sous l’effet essentiellement de facteurs extraordinaires dans la zone euro et au Japon, constate la BNS. Aux Etats-Unis et en Chine, la conjoncture est restée robuste.

Contraction normale

En Suisse, le PIB s’est contracté de 0,9% en données annualisées au 3e trimestre. Mais à la faveur de la forte croissance enregistrée jusqu’alors, il reste néanmoins supérieur de 2,4% au niveau affiché un an auparavant. «Après plusieurs trimestres de progression très marquée, il fallait s’attendre à un affaiblissement de la dynamique. Mais le recul du PIB est aussi à mettre sur le compte de facteurs temporaires», juge l’institut d’émission.

Sur le front de l’inflation, la BNS revoit aussi sa prévision pour les prochains mois en légère baisse au regard des attentes de septembre dernier. Alors que le renchérissement reste attendu à 0,9% en 2018, il devrait se fixer à 0,5% en 2019, au lieu de 0,9% prévu jusqu’alors, sous l’effet du repli des prix du pétrole. Pour 2020, une valeur de 1% est attendue, contre 1,2% auparavant.

Si l’expansion de l’économie mondiale devrait se poursuivre à un rythme toujours solide ces prochains moins, un ralentissement graduel devrait intervenir à moyen terme. Les incertitudes politiques et des tendances protectionnistes, qui ont pesé encore plus négativement sur le moral des entreprises et des marchés financiers ces dernières semaines, font peser des risques importants, avertit la BNS.

Au chapitre des avertissements, la banque centrale n’oublie pas les marchés hypothécaire et immobilier. Continuant de veiller aux déséquilibres qu’ils présentent, la BNS admet certes que les prix des objets résidentiels de rendement ont cessé de croître. Mais le risque d’une correction demeure particulièrement élevé dans ce segment, a fait remarquer le vice-président Fritz Zurbrügg.

Laissant supposer une offre excédentaire, l’augmentation du nombre de logements vacants «exerce des pressions à la baisse sur les revenus locatifs et donc aussi sur les prix de ces objets», a souligné M. Zurbrügg. Alors que les banques continuent de présenter une propension élevée au risque, il est important qu’elles puissent supporter les risques encourus. La BNS envisage des mesures ciblées concernant l’octroi de prêts hypothécaires dans le segment des objets résidentiels de rendement.

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