Turquie: Moody’s dégrade les banques et la livre s’enfonce

AWP

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La livre turque dévissait d’environ 2% face au dollar vers 16h30. Elle a lâché un quart de sa valeur en un mois.

La livre turque poursuivait sa chute mercredi, au lendemain de l’abaissement par Moody’s de la note de vingt institutions financières et malgré les tentatives du gouvernement pour rassurer les marchés.

Vers 14H30 GMT, la livre turque dévissait d’environ 2% face au dollar, qui s’échangeait contre 6,42 livres. La devise turque atteignait ainsi son plus bas niveau depuis le 15 août.

Elle avait alors brutalement plongé à l’annonce de sanctions américaines et de mesures réciproques imposées par la Turquie, s’échangeant même brièvement à plus de 7 livres contre un dollar le 13 août, avant de se redresser légèrement.

Mardi soir, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de 18 banques et de deux institutions financières en Turquie. La perspective de 14 banques a été abaissée d’un cran, et celle des quatre autres de deux crans.

«Il existe un risque accru d’un scénario de financement à la baisse, où la détérioration de l’opinion des investisseurs limite l’accès au financement des marchés», affirme Moody’s dans son rapport diffusé mardi.

Selon l’agence de notation, qui avait déjà abaissé mi-août la note de la Turquie à «Ba3» avec une perspective négative, les banques turques sont fragilisées par leur dépendance aux financements en devises étrangères.

Environ 77 milliards de dollars d’obligations en devises et de prêts syndiqués doivent être refinancés au cours des 12 prochains mois, estime le rapport.

La détérioration de l’économie turque «alimente l’inflation et compromet la croissance», estime Moody’s, prévoyant une croissance de 1,5% en 2018 et 1% en 2019.

«(Moody’s) note que le cadre opérationnel de la Turquie s’est détérioré au-delà de ses précédentes prévisions, et s’attend à ce que cela se poursuive», affirme l’agence.

Dans une note envoyée à ses clients mercredi, Capital Economics estime que la Turquie est en train de basculer dans une phase de récession. Le cabinet d’études prévoit une croissance de 3% pour 2018, puis une stagnation en 2019.

La défiance des marchés à l’égard des politiques économiques et financières d’Ankara, couplée à des sanctions américaines, ont provoqué un vent de panique sur les marchés et l’effondrement de la devise turque.

Celle-ci a perdu 40% de sa valeur face au dollar depuis le début de l’année, et près de 24% en un mois.

Dans une nouvelle tentative d’enrayer la débâcle de sa devise, la banque centrale de Turquie a annoncé mercredi matin avoir doublé les limites d’emprunt des banques pour les transactions sur le marché interbancaire, par rapport aux limites en vigueur avant le 13 août.

«2019 sera une année très forte en termes de combat contre l’inflation en Turquie», a également assuré mercredi le ministre du Trésor et des Finances, Berat Albayrak, évoquant des mesures financières et monétaires.

L’inflation a frôlé les 16% en rythme annuel en juillet, et les économistes étaient peu optimistes au sujet des chiffres du mois d’août qui doivent être publiés lundi.

M. Albayrak, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse télévisée, a également affirmé que la Turquie réduirait son déficit des comptes courants, autre donnée qui suscite l’inquiétude des marchés.

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