Les deux agences de notation sanctionnent la chute de la lire turque. Standard & Poor’s table sur une récession l’an prochain.
Les agences de notation Standard and Poor’s et Moody’s ont abaissé vendredi la note de la dette de la Turquie, du fait de l’affaiblissement de la monnaie turque, SP projetant même une récession en 2019.
La note de Standard and Poor’s est abaissée de «BB-» à «B+», assortie d’une perspective stable, s’enfonçant dans la catégorie des investissements considérés comme très spéculatifs.
Celle de Moody’s passe de «Ba2» à «Ba3» avec une perspective négative, indiquant qu’elle pourrait encore l’abaisser dans quelques mois.
L’agence signale un «affaiblissement continu des institutions publiques turques» et «les préoccupations grandissantes relatives à l’indépendance de la banque centrale».
Moody’s s’inquiète aussi de «l’absence d’un plan clair et crédible pour traiter les causes sous-jacentes de la récente crise financière».
Pour SP, «la baisse substantielle de la lire a des implications négatives sur le budget». «Nous projetons désormais que l’économie va se contracter en 2019», dit l’agence de notation.
«L’extrême volatilité de la lire turque et le vif ajustement de la balance des paiements qui en résultera vont saper l’économie de la Turquie», avertit encore SP. «Nous prévoyons une récession l’année prochaine», assène l’agence, qui mentionne une inflation à 22% dans les quatre prochains mois, avant de ralentir à 20% d’ici le milieu de 2019.
«L’affaiblissement de la lire met la pression sur le secteur des entreprises endettées et considérablement accru les risques de financement des banques turques», affirme encore l’agence qui en mai avait déjà abaissé la note de la dette turque, inquiète à l’époque d’une inflation un peu supérieure à 10% pour le reste de cette année.
Moody’s est un peu moins sévère dans son diagnostic sur l’activité économique, ne mentionnant pas le mot récession.
«Le resserrement des conditions financières et la faiblesse du taux de change, associés à des risques de financements extérieurs élevés (...) devraient alimenter davantage l’inflation et compromettre la croissance», dit Moody’s.
La Turquie est dans la tourmente financière, accentuée par des pressions américaines qui menacent Ankara de sanctions financières à propos de l’assignation à résidence d’un pasteur américain.
Alors que cette crise diplomatique ne montre aucun signe d’apaisement, la livre turque, qui a pourtant repris des couleurs cette semaine après une spectaculaire débâcle, piquait à nouveau du nez vendredi.
En fin de journée, la devise turque avait perdu près de 4% face au dollar, comparé à jeudi soir, repassant au-dessus de la barre des 6 livres pour un billet vert.