Turquie: la livre au plus bas après une nouvelle baisse des taux

AWP

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La Banque centrale turque a abaissé son principal taux directeur d’un point pour le deuxième mois consécutif, de 13% à 12%.

La livre turque a atteint jeudi un plus bas historique, à plus de 18,40 livres pour un dollar, peu après l’annonce d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt.

La Banque centrale turque a abaissé son principal taux directeur d’un point pour le deuxième mois consécutif, de 13% à 12%, justifiant une nouvelle fois sa décision par les «incertitudes sur la croissance mondiale et les risques géopolitiques».

En très léger recul par rapport à son record atteint dans la matinée, la monnaie turque s’échangeait peu avant midi GMT à plus de 18,38 livres pour un dollar.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui dit privilégier la croissance et les exportations à la stabilité des prix, avait appelé en juin à de nouvelles baisses des taux d’intérêt, alors stables depuis décembre.

A rebours des théories économiques classiques, M. Erdogan affirme que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation.

La Banque centrale turque est officiellement indépendante, mais elle a connu ces dernières années une valse de ses gouverneurs, limogés par décrets présidentiels.

Conséquence de sa politique monétaire très décriée, la livre turque - qui avait déjà perdu 44% de sa valeur en 2021 - a fondu de plus de 27% face au dollar depuis le 1er janvier.

Des interventions de la banque centrale pour racheter des livres turques sur le marché des changes, et l’annonce fin juin d’une mesure de soutien à la monnaie nationale n’ont eu que peu d’effets.

L’inflation a atteint 80,2% sur un an en août en Turquie, selon les chiffres officiels, au plus haut depuis 1998.

Mais l’opposition et des d’économistes indépendants accusent l’Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer de plus de moitié son ampleur.

«Je suis économiste»

«La Banque centrale de Turquie a continué aujourd’hui de se plier aux souhaits du président Erdogan», a commenté Liam Peach, économiste spécialiste des marchés émergents pour Capital Economics, estimant qu’à ce rythme la livre turque s’échangera à 24 livres pour un dollar fin 2022.

«L’inflation n’est pas une menace économique insurmontable. Je suis économiste», a affirmé lundi le président turc - qui n’est pas économiste de formation - dans une interview à la chaîne de télévision américaine PBS.

Au pouvoir depuis 2003, d’abord comme Premier ministre puis comme président, M. Erdogan espère être réélu lors de la prochaine élection présidentielle, prévue pour juin 2023. Mais des sondages le placent en position délicate.

«Actuellement, il y a des pays où des taux d’inflation de 8% ou 9% apparaissent comme une menace. Nous avons 80% mais nous sommes un pays qui a réalisé 250 milliards de dollars d’exportations [sur douze mois] et, dans mon pays, les rayons des supermarchés ne sont pas vides», a déclaré M. Erdogan.

Le chef de l’Etat, qui avait assuré fin avril que l’inflation commencerait à ralentir à partir de juin, a affirmé lundi que le «problème de l’inflation» serait «surmonté» après le Nouvel an.

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