Faruk Fatih Ozer, le fondateur de la plateforme Thodex, et sous enquête pour «fraude aggravée et fondation d’une organisation criminelle».
La Turquie a ouvert vendredi les procédures pour lancer un mandat d’arrêt international contre le fondateur d’une plateforme d’échange de cryptomonnaie qui a pris la fuite avec deux milliards de dollars d’actifs d’investisseurs, ont indiqué des médias d’Etat.
Les responsables de la sécurité turcs ont publié jeudi une photo du fondateur de la plateforme Thodex, Faruk Fatih Ozer, passant le contrôle des passeports à l’aéroport d’Istanbul en route vers un lieu non précisé. Mais des sources de sécurité ont ensuite confirmé qu’il se trouvait en Albanie.
Le Ministère de la justice a pris des mesures pour arrêter et extrader Faruk Fatih Ozer d’Albanie, a rapporté l’agence de presse officielle Anadolu.
Une information qui survient après l’arrestation par la police de 62 personnes en raison de liens présumés avec l’entreprise, les suspects ayant été appréhendés lors de raids simultanés menés dans huit villes, dont Istanbul, a indiqué l’agence Anadolu.
La police a émis des mandats d’arrêt contre 16 autres mais les médias ne disposaient pas d’informations sur les suspects.
La police a fait une descente au siège de la société dans la partie asiatique d’Istanbul et a saisi du matériel informatique, selon les médias.
La plateforme Thodex a suspendu ses activités après avoir affiché mercredi un message mystérieux indiquant qu’elle avait besoin de cinq jours pour traiter un investissement extérieur non spécifié.
Selon les médias, Thodex a fermé alors qu’elle détenait au moins deux milliards de dollars provenant de 391’000 investisseurs.
L’avocat des investisseurs, Oguz Evren Kilic, a déclaré que l’enquête «s’approfondit», dans un entretien téléphonique avec l’AFP vendredi.
«Des centaines de milliers d’utilisateurs ne peuvent pas avoir accès à leurs portefeuilles numériques. La situation tendra à s’aggraver si aucune mesure concrète n’est prise» par Thodex, a-t-il précisé.
Les clients ont déjà déposé des plaintes auprès du bureau du parquet, qui enquête sur l’homme d’affaires pour «fraude aggravée et fondation d’une organisation criminelle».
Dans un message publié sur le compte Twitter officiel de l’entreprise, M. Ozer a dénoncé les «allégations sans fondement».
Il a expliqué qu’il se trouvait à l’étranger pour des réunions avec des investisseurs étrangers et qu’il rentrerait chez lui «dans quelques jours et coopérerait avec les autorités judiciaires afin que la vérité puisse éclater».
Un nombre croissant de Turcs se tournent vers les cryptomonnaies pour tenter de protéger leurs économies face à la forte baisse de la valeur de la monnaie turque et à l’inflation élevée.
Le marché turc des cryptomonnaies reste non réglementé malgré le scepticisme croissant du gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan quant à sa sécurité.
La banque centrale de Turquie a déclaré qu’elle interdirait l’utilisation des cryptomonnaies dans les paiements de biens et de services à partir du 30 avril. Elle a averti que les cryptomonnaies «comportent des risques importants», car le marché est volatil et manque de surveillance.