Taux négatifs: propos de Draghi tempérés au sein de la BCE

AWP

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Sabine Lautenschläger, membre du directoire, indique que la BCE est peu pressée de prendre des mesures pour soutenir les banques.

La Banque centrale européenne n’est pas pressée d’alléger le fardeau des taux d’intérêts négatifs pour les banques, a indiqué une responsable de l’institution auprès de l’AFP, tempérant les propos la semaine dernière du président de la BCE Mario Draghi.

«Nous devons d’abord mieux comprendre si, et dans quelle mesure, les taux de dépôts négatifs affectent les banques» en zone euro, déclare Sabine Lautenschläger, membre du directoire de la BCE.

Les établissements de crédit laissant dormir des milliards d’euros de liquidités à la BCE, plutôt que de les distribuer dans l’économie, se retrouvent taxées pour environ 7,5 milliards d’euros par an, à raison d’un taux d’intérêt négatif qui s’applique à -0,40% depuis mars 2016.

Le président Draghi avait soulevé cette question en déclarant mercredi dernier que l’institution était prête à prendre des mesures pour atténuer les effets des taux négatifs sur la profitabilité des banques.

Un signal vite interprété sur les marchés comme un pas vers un système de taux négatifs avec divers paliers («tiering»), d’autres pays comme le Danemark et la Suisse le pratiquant déjà.

Mais le sujet s’avère complexe à mettre en oeuvre et suscite déjà des avis partagés entre banquiers centraux en zone euro.

Il faudrait déterminer «s’il existe une justification en terme de politique monétaire» pour un tel instrument encore inédit en zone euro, et quelles conséquences il aurait «sur la transmission de notre politique monétaire dans l’économie et, enfin, sur notre objectif de stabilisation des prix» défini par l’atteinte d’un taux d’inflation durablement proche de 2%, selon Mme Lautenschläger.

«Je ne suis pas encore convaincue» par cet instrument «assez complexe» et par son impact sur la politique monétaire à venir, ajoute-t-elle. Une opinion également exprimée par le gouverneur de la Banque centrale des Pays-Bas, Klaas Knot.

A la tête de la Banque de France, François Villeroy de Galhau ne cache pas lui sa sympathie pour cette mesure, qui n’a pas encore été discutée au sein du conseil des gouverneurs de la BCE.

Les banques misent en attendant sur la prochaine vague de prêts géants (TLTRO) censés soutenir le crédit dans l’économie, dont les contours devraient toutefois être moins généreux que lors des précédentes éditions.

Cette prochaine vague démarrant en septembre devrait comporter une «incitation» aux banques pour qu’elles «sortent en douceur» de cet instrument de fourniture exceptionnelle de liquidités, estime Mme Lautenschläger.

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