Sortie de crise en douceur pour les finances publiques

AWP

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Les variantes mises en place par la Confédération pour la gestion de la dette devraient permettre «une consolidation en douceur, sans intervention budgétaire majeure», selon une étude de Credit Suisse.

La levée des mesures contre la pandémie de Covid-19 marque aussi, pour l’instant, la fin du mode de crise pour les finances publiques suisses. Les variantes mises en place par la Confédération pour la gestion de la dette devraient permettre «une consolidation en douceur, sans intervention budgétaire majeure», selon une étude publiée mercredi par Credit Suisse.

Les experts de la banque aux deux voiles soulignent l’importance de ce dernier point «compte tenu des risques conjoncturels et fiscaux substantiels que représente la guerre en Ukraine».

Après deux ans de mesures de soutien rapides et ciblées contre la pandémie, la politique fiscale se recentre progressivement vers la gestion de la dette occasionnée par la pandémie. Entre les aides pour les cas de rigueur, les paiements à l’assurance-chômage pour l’indemnisation du chômage partiel, les crédits Covid-19 et les aides sectorielles, l’ardoise est estimée entre 33 et 36 milliards de francs.

Une partie du débours a pu être compensée par des recettes extraordinaires engrangées avant la crise - enchères des fréquences 5G, liquidation concordataire de Swissair - et comptabilisée sur un compte d’amortissement prévu à cet effet, qui après un solde positif de 3,4 milliards de francs début 2020, devrait afficher un déficit de 25 milliards fin 2022, selon les auteurs de l’étude.

La Confédération a pu financer les dépenses en recourant à d’importantes réserves de liquidités. La dette brute, c’est-à-dire l’endettement effectif sur le marché des capitaux, est passée de près de 97 milliards de francs à quelque 111 milliards, en raison de la pandémie.

Avec l’aide des crédits résiduels et des distributions prévues par la Banque nationale suisse (BNS), «elle devrait revenir au niveau d’avant la crise avant 2030, quelle que soit la variante de compensation du déficit», assurent les économistes de Credit Suisse. La dette nette, qui prend également en compte la réduction des réserves de liquidités, pourrait quant à elle encore dépasser son niveau de 2019 jusqu’en 2032.

Selon les prévisions du numéro deux bancaire helvétique, le taux d’endettement de la Confédération, qui représente actuellement 14,9% du produit intérieur brut (PIB), devrait cependant atteindre son niveau d’avant la crise bien plus tôt, dès la fin 2024. Selon l’Office fédéral de la statistique, il était de 13,3% au bouclement de 2019, dernière année avant la crise pandémique.

Deux variantes rassurantes

La première variante élaborée par la Confédération prévoit de compenser le déficit exclusivement via les reliquats de crédits - 1 milliard de francs par an - et le versement de la BNS (1,3 milliard). Dans la seconde, la moitié du déficit est compensée dans un premier temps par le compte de compensation, qui devrait présenter d’ici la fin de l’année un solde positif de plus 30 milliards au vu des excédents budgétaires passés.

Les deux variantes respectent le frein à l’endettement, ce qui dans un contexte de hausse des taux constitue un signal important pour les marchés internationaux des capitaux, soulignent les experts de Credit Suisse. Par ailleurs, la compensation du déficit devrait se faire en douceur sur plusieurs années, sans avoir à recourir à des mesures d’économies ou des hausses d’impôts, y compris en cas de ralentissement conjoncturel.

Reste à voir quel sera l’impact du conflit russo-ukrainien et de la crise énergétique qui risque d’en découler. La dépendance au gaz et au pétrole étant moins importante en Suisse que dans le reste de l’Europe, les hausses de prix enregistrées jusqu’à présent sont moins problématiques pour l’économie. Mais une récession, qui rendrait nécessaire une intervention fiscale, est «une probabilité qui augmente à mesure que la guerre en Ukraine se prolonge».

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