Sommet Biden-Poutine: un sommet pour l’Histoire entre Biden et Poutine à Genève

AWP

2 minutes de lecture

Dans un climat de tensions, les deux hommes vont aborder désarmement et droits humains.

Le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine se retrouvent mercredi à Genève pour un sommet historique, le premier en Suisse sous ce format depuis 1985. Dans un climat de tensions, les deux hommes vont aborder désarmement et droits humains.

Pour M. Biden, cette rencontre viendra terminer une séquence aux défis de taille pour sa stature internationale. Après des sommets du G7, de l’OTAN et avec l’UE à la suite des nouvelles révélations d’utilisation de câbles danois pour espionner les alliés européens des Etats-Unis, le président américain fera face à celui qu’il a qualifié récemment de «tueur».

Dans l’intervalle, il aura aussi discuté avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, avec lequel les relations sont également difficiles. A Genève, les dossiers ne manqueront pas pour tenter de «normaliser» les liens avec la Russie, comme la Maison Blanche l’a souhaité.

Cette semaine, il a affiché clairement sa volonté dans une tribune. Il souhaite renforcer les liens avec les alliés pour être uni face à la Russie et aborder notamment la question des droits humains. Mais les Etats-Unis cherchent aussi une relation «stable et prévisible» avec Moscou, selon le président, parce que le nouvel adversaire sur la scène internationale est la Chine. Une volonté partagée par Vladimir Poutine.

Pour autant, les deux parties ont admis ces dernières semaines que des divergences importantes subsistaient entre elles, y compris sur l’interférence dans les affaires internes de chacun. Comme lors du sommet de 1985 à Genève entre les dirigeants américain Ronald Reagan et soviétique Mikhaïl Gorbatchev, le désarmement sera au centre du débat.

Entre nucléaire et sanctions

Les deux pays ont réussi, évitant l’expiration du traité, à prolonger de cinq ans l’accord New Start sur la réduction des armes nucléaires stratégiques. Une exception après plusieurs suspensions d’autres arrangements nucléaires sous la période de l’ex-président américain Donald Trump, provoquant de fortes tensions sécuritaires entre les deux pays.

Au désarmement viennent s’ajouter d’autres questions importantes pour les deux Etats. M. Biden s’est attiré la réprobation russe en demandant à plusieurs reprises la libération de l’opposant Alexeï Navalny, détenu depuis son retour en Russie après avoir été soigné à l’étranger pour son empoisonnement.

Des sanctions ont été lancées contre Moscou. Une situation de conflictualité supplémentaire alors que les deux pays s’opposent déjà sur la guerre civile en Ukraine depuis plusieurs années.

Le soutien russe au président bélarusse controversé Alexandre Loukachenko n’arrange rien pour Washington. Là encore, la Maison Blanche a dénoncé la répression contre les opposants dans ce pays que des ONG considèrent comme des crimes contre l’humanité.

Pour la Suisse, le sommet constitue aussi l’opportunité de faire avancer le dialogue avec Washington et Moscou, même si les deux chefs d’Etat présents au sommet ne seront pas là pour régler des affaires bilatérales avec elle. Le président de la Confédération Guy Parmelin et le conseiller fédéral Ignazio Cassis doivent rencontrer M. Biden à Genève.

Important dispositif de sécurité

Après les velléités de M. Trump de discuter rapidement d’un possible accord de libre-échange, cette question avec les Américains est restée sans suite pour le moment. Les Etats-Unis sont toujours sur les rangs pour tenter de vendre leurs avions à l’armée suisse. De son côté, l’affaire Crypto a exposé la relation sécuritaire entre Washington et Berne.

L’attitude américaine des derniers mois sur deux dossiers fragilise aussi la position suisse. A l’Organisation mondiale du commerce (OMC) d’abord, où Washington accepte de discuter d’une possible levée de la propriété intellectuelle pour les vaccins et les technologies contre la pandémie. Et ensuite sur la fiscalité minimale des multinationales. Les Etats-Unis ont contribué à l’impulsion sur l’accord au G7 pour un taux d’au moins 15%, qui devra ensuite être avalisé plus largement par les pays riches.

Outre ces questions bilatérales, Berne oeuvre pour chacun de ces deux pays sur la scène internationale. Elle représente les intérêts américains en Iran depuis plus de 40 ans et ceux de Moscou en Géorgie depuis le conflit entre ces deux acteurs de l’Est de l’Europe il y a près d’une quinzaine d’années.

Ce sommet met la Suisse au centre de l’attention, alors qu’elle pourrait retrouver ces deux acteurs au Conseil de sécurité de l’ONU dès 2023 si elle y est élue. Il est organisé dans une ville de Genève qui sera pendant quelques jours sous un important dispositif de sécurité. Des centaines de membres des forces de sécurité seront activés.

A lire aussi...