Le géant genevois du luxe Richemont a affiché une solide croissance au troisième trimestre de son exercice décalé 2023/24, clos fin décembre, grâce aux achats pendant les fêtes de fin d’année. Dépassant les attentes des analystes, la joaillerie a progressé tandis que les ventes horlogères ont reculé.
Durant la période sous revue, les recettes ont augmenté de 4%, ou de 8% hors effets de change, pour atteindre 5,59 milliards d’euros (5,25 milliards de francs), rapporte jeudi Richemont qui pointe du doigt «un environnement macroéconomique et géopolitique toujours incertain.»
Le propriétaire des marques Cartier, Piaget ou encore Vacheron Constantin a enregistré une progression par rapport aux trimestres précédents grâce aux achats de fin d’année. Le directeur financier Burkhart Grund s’est dit prudemment optimiste quant au développement futur des affaires alors que la reprise du secteur du luxe en Chine prend du temps.
«Les bons chiffres des ventes ont également permis aux marques de Richemont de ramener à des niveaux plus bas leurs propres stocks, constitués en été, en prévision des ventes de Noël», a étoffé M. Grund lors d’une conférence pour les analystes.
Les résultats présentés sont supérieurs au consensus de l’agence AWP, les analystes interrogés tablant en moyenne sur une croissance organique de 6,8% pour des recettes de 5,5 milliards.
La division joaillerie, avec notamment la marque Van Cleef & Arpels, a enregistré un chiffre d’affaires de 3,95 milliards d’euros, soit 6% de plus qu’à la même période un an plus tôt. Hors effets de changes, la croissance est de 12%. Cette division a particulièrement progressé grâce aux ventes de Cartier ou Buccellati.
En horlogerie, où figurent les marques IWC et Panerai, les recettes ont reculé de 1%, mais augmenté de 5% hors effets de change à 939 millions.
L’Unité Autres, avec Mont Blanc, Chloé ou Watchfinder, a atteint 702 millions d’euros, en baisse de 4%.
Poussée des ventes en Asie
Géographiquement, la région Asie-Pacifique et le Japon ont généré une croissance de 8% chacun. Une poussée de 25% est constatée en Chine, à Hong Kong et Macao. La région Moyen-Orient et Afrique a progressé de 5%, suivi des Amériques en hausse de 3%.
L’Europe a par contre vu reculer son chiffre d’affaires de 4% à cause de la présence plus discrète des visiteurs américains, détaille le communiqué. Pour l’analyste Patrik Schwendimann de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), le tourisme en recul et la réduction du nombre des points de vente en sont, sans surprise, la cause.
Concernant les canaux de distribution, ce sont les ventes au détail qui ont le plus participé aux résultats de l’entreprise avec une hausse de 6%, et 11% hors effets de change.
«Les lignes de produits emblématiques de Richemont et sa forte présence dans le secteur de la vente au détail lui confèrent un avantage concurrentiel indéniable pour traverser cette période d’incertitude», souligne Jean-Philippe Bertschy de Vontobel. L’analyste cite l’inflation persistante, les taux d’intérêt élevés ou encore le faible appétit général des consommateurs.
Sur les neuf premiers mois de l’exercice décalé, d’avril à décembre, le chiffre d’affaires des activités a progressé de 5% ou de 11% en monnaies locales à 15,8 milliards.
Au sujet de l’unité de commerce en ligne Yoox Net-à-Porter (Ynap), dont la vente au britannique Farfetch a été abandonnée, le groupe genevois dit continuer à chercher des options et des copropriétaires. Notée comme «activité abandonnée», Ynap a vu ses ventes reculer de 14% (11% hors effets de change) au troisième trimestre.
Au chapitre des perspectives, la direction ne donne pas de précisions chiffrées.
Réagissant à des résultats solides, le titre du géant genevois séduisait dès l’ouverture et se plaçait en tête de l’indice vedette SMI. A 10h10, la nominative Richemont gagnait 8,1% à 113,95 francs, dans un SMI en hausse de 0,2%.