Poutine promet la victoire en Ukraine après l’annexion de nouveaux territoires

AWP

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«La victoire sera à nous!», a lancé vendredi le président russe Vladimir Poutine après avoir officialisé l’annexion de quatre territoires ukrainiens.

«La victoire sera à nous!», a lancé vendredi le président russe Vladimir Poutine après avoir officialisé l’annexion de quatre territoires ukrainiens, suscitant un concert de condamnations internationales et la bravade de Kiev, qui a promis de continuer à libérer ses terres.

Le président russe s’est exprimé lors d’un concert festif sur la Place Rouge, devant plusieurs milliers de personnes qui agitaient des drapeaux russes, alors qu’au même moment son armée éprouve des difficultés en Ukraine.

«Bienvenue à la maison», a aussi déclaré Vladimir Poutine à l’adresse des habitants des territoires ukrainiens annexés, affirmant qu’ils étaient «revenus dans leur patrie historique» et que la Russie leur ouvrait «son coeur».

Le même jour, une frappe de missiles particulièrement meurtrière a fait au moins 30 morts parmi des civils dans une zone sous contrôle ukrainien près de Zaporijjia (sud de l’Ukraine).

Peu avant le concert, lors d’une cérémonie au Kremlin, M. Poutine a signé les documents d’annexion aux côtés des dirigeants des régions séparatistes d’Ukraine de Donetsk et Lougansk (est), et de celles occupées par les troupes russes de Zaporijjia et de Kherson (sud).

Dans son discours, M. Poutine a appelé Kiev à cesser «toutes les hostilités et à revenir à la table des négociations», malgré les récents revers infligés à l’armée russe par les forces ukrainiennes, auxquels s’ajoute depuis vendredi l’encerclement partiel de la ville stratégique de Lyman (est) par les Ukrainiens.

Les soldats russes à Lyman, un important noeud ferroviaire, combattent «à bout de force» et la situation y est «difficile», a reconnu vendredi un haut responsable séparatiste prorusse, Denis Pouchiline.

Pour sa part, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rétorqué que Kiev ne négociera pas avec Moscou tant que Vladimir Poutine sera président, tout en annonçant qu’il allait «signer la candidature de l’Ukraine en vue d’une adhésion accélérée à l’Otan».

Son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a, lui, promis de «libérer nos terres et nos populations».

Le président américain Joe Biden a juré d’»appuyer les efforts de l’Ukraine pour regagner le contrôle de son territoire», alors que les Etats-Unis fournissent largement Kiev en armes et munitions, en dépit des protestation russes et de la menace de M. Poutine de recourir à l’arme nucléaire.

Condamnations et sanctions

Les dirigeants des pays de l’UE ont publié vendredi une déclaration «rejetant» et «condamnant» cette «annexion illégale», accusant Moscou de mettre «la sécurité mondiale en danger».

L’Otan a dénoncé une annexion «illégitime», tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter vendredi sur une résolution condamnant les «référendums» qui se sont tenus plus tôt dans la semaine dans les territoires annexés.

Dans son discours au Kremlin, M. Poutine a longuement dénoncé l’Occident, qu’il a accusé de vouloir préserver un «système néocolonial qui lui permet de parasiter et, en réalité, de piller le monde entier».

Ces annexions interviennent après sept mois d’offensive russe en Ukraine et des «référendums» organisés en urgence dans les régions occupées, qui ont été dénoncés comme des «simulacres» par Kiev et ses alliés.

Signe de cette précipitation et d’une certaine désorganisation, le porte-parole du Kremlin a annoncé devoir «clarifier» si la Russie annexait la totalité des régions ukrainiennes de Kherson et de Zaporijjia, ou uniquement les parties qu’elle occupe effectivement.

Il a précisé que M. Poutine ne prévoyait pas «pour l’heure» de visiter les régions nouvellement annexées.

Balayant les critiques, M. Poutine a assuré qu’il «n’aspirait pas» à restaurer l’URSS. Il a également signé un décret facilitant l’accès à la nationalité russe pour les étrangers s’engageant dans l’armée, une mesure destinée visiblement à recruter des migrants venus d’ex-URSS travaillant en Russie.

Frappe meurtrière

Dans les rues de Moscou, Ildar Babaïev, un militaire de 38 ans, a dit à l’AFP qu’il trouvait «formidable» les annexions. «Cela aurait dû être fait il y a longtemps, il y a huit ans, en fait», lors du premier conflit entre Kiev et les séparatistes prorusses, a-t-il ajouté.

En Ukraine, le même jour, au moins 11 civils ont été retrouvés morts sur une route, tués par balles, après le retrait des troupes russes d’une grande partie de la région de Kharkiv (nord-est), a constaté une équipe de l’AFP.

Depuis le début de l’offensive, Kiev a dénoncé des exactions de l’armée russe, des accusations systématiquement rejetées par Moscou.

Dans une zone restée sous contrôle ukrainien de la région de Zaporijjia (sud), l’un des quatre territoires annexés par Moscou, au moins 30 personnes ont été tuées et 88 blessées par une frappe russe, selon la police ukrainienne. Un responsable prorusse en a, en retour, accusé les forces ukrainiennes.

Viktor, 56 ans, n’a dû son salut qu’à une envie de café et à un réflexe de survie. «La serveuse venait de me le tendre. Et là +bang+. Elle a eu peur et elle est sortie du café. Quelques minutes plus tard, il y a eu une autre explosion. Maintenant, elle est au sol», morte, raconte-t-il.

Les journalistes de l’AFP ont vu une quinzaine de voitures aux vitres soufflées et au moins trois cadavres de femmes au sol. Les gens attendaient ici la permission pour retourner dans les territoires sous contrôle russe.

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