Ukraine: frappe meurtrière avant l’annexion de quatre régions par Moscou

AWP

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La matinée a été endeuillée par une frappe particulièrement meurtrière sur une colonne de voitures de civils non loin de la limite entre la zone ukrainienne et la zone occupée de la région de Zaporijjia.

Une frappe dévastatrice sur une colonne de véhicules civils a fait 25 morts vendredi dans le sud de l’Ukraine, quelques heures avant l’annexion prévue par la Russie de quatre régions ukrainiennes.

A l’occasion de ces annexions, qui représentent une escalade sérieuse de l’offensive lancée le 24 février, un long discours de Vladimir Poutine et des festivités sont prévues à Moscou, alors même qu’une mobilisation souvent chaotique se déroule en Russie, qui a poussé des dizaines de milliers de Russes à l’exil.

Le Kremlin doit accueillir à 12h00 GMT une cérémonie au cours de laquelle M. Poutine doit prononcer un discours annoncé comme «volumineux» pour célébrer les conquêtes russes, au moment même pourtant où son armée est en difficulté sur le terrain, reculant face à une contre-offensive ukrainienne, notamment à Lyman, un noeud ferroviaire important de l’est ukrainien.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui convoqué pour vendredi une réunion d’urgence de son Conseil de sécurité et réclamé plus d’armes occidentales.

La matinée a été endeuillée par une frappe particulièrement meurtrière sur une colonne de voitures de civils non loin de la limite entre la zone ukrainienne et la zone occupée de la région de Zaporijjia, l’un des quatre territoires devant être incorporés par la Russie.

Au moins 25 personnes ont été tués et 50 autres blessées dans cette frappe, selon le parquet ukrainien, les deux camps se rejetant la responsabilité du bombardement.

M. Zelensky a traité la Russie de «terroriste» et de «racaille sanguinaire» après cette frappe.

Un responsable de la présidence ukrainienne, Kyrylo Tymoshenko, a affirmé que 16 missiles S-300 russes étaient tombés sur la zone, alors que ces armes sol-air sont aussi utilisées par les Russes pour frapper des cibles au sol.

Sur les lieux, deux colonnes de voitures aux vitres éclatées et aux carrosseries criblées d’impacts étaient visibles. Entre elles, des corps inanimés gisaient, certains recouverts de draps en guise de linceul.

Selon Kiev, la Russie a frappé «à la roquette contre un convoi humanitaire de civils» qui «faisaient la queue pour se rendre dans la zone temporairement occupée».

Un représentant de l’occupation russe locale, Vladimir Rogov, a lui accusé Kiev d’avoir «frappé nos gens, qui faisaient la queue» pour empêcher ces civils de rejoindre la zone sous contrôle des Russes.

Dans la région voisine de Kherson, qui doit également être annexée vendredi, un responsable de l’occupation russe a été tué dans la nuit dans une frappe ukrainienne sur son domicile menée à l’aide de systèmes HIMARS fournis par les Etats-Unis, selon un autre cadre prorusse, Kirill Stremooussov.

«Jamais»

La capitale russe se prépare elle à des festivités, avec une circulation restreinte vendredi, notamment un concert à l’ombre des murs du Kremlin, lors duquel M. Poutine pourrait faire une apparition.

Les employés municipaux installaient des affiches géantes sur la Place rouge qui lisaient: «Donetsk. Lougansk. Zaporijjia. Kherson. Russie!», ont constaté des journalistes de l’AFP.

Ces quatre régions vont être officiellement annexées, après de prétendus référendums régionaux organisés fin septembre à la hâte. Le vote a eu lieu sous surveillance de soldats en armes et a été qualifié de «parodie» par Kiev et ses soutiens occidentaux.

Les dirigeants occidentaux se sont succédé pour marteler qu’ils ne reconnaîtraient «jamais» les annexions et ont promis de nouvelles sanctions à l’encontre de Moscou.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter vendredi sur une résolution condamnant ces «référendums». Ce texte préparé par les Etats-Unis n’a aucune chance d’être adopté en raison du droit de veto de la Russie mais il devrait ensuite être présenté à l’Assemblée générale.

Revendiquant son emprise sur ces territoires, la Russie, qui avait déjà annexé en 2014 la Crimée, péninsule du sud de l’Ukraine, a menacé de faire usage de l’arme nucléaire pour les défendre.

 

Les forces russes «partiellement encerclées» à Lyman

Les forces russes sont «partiellement encerclées» dans la ville de Lyman, important nœud ferroviaire dans l’Est de l’Ukraine, a reconnu vendredi un haut responsable séparatiste, le jour de l’annexion prévue par Moscou de quatre régions ukrainiennes.

«A l’heure actuelle, Lyman est partiellement encerclée. La route de Svatové est sous notre contrôle, mais sous le feu périodiquement», a indiqué sur Telegram Denis Pouchiline, à la tête du bastion séparatiste de Donetsk.

Il a reconnu que les villages de Iampil et Drobychevé, proches de Lyman, «ne sont pas sous le contrôle total» de Moscou, qualifiant la situation «d’inquiétante».

«Nos gars se battent, nous reconstituons des réserves, nous devons tenir, mais l’ennemi a également lancée de sérieuses forces» dans la bataille, a poursuivi M. Pouchiline.

«C’est une nouvelle très désagréable, mais nous devons regarder la situation avec sobriété et tirer les conclusions de nos erreurs», a-t-il ajouté.

Une unité ukrainienne engagée dans cette bataille, la 66e brigade mécanisée, a de son côté annoncé sur Facebook avoir capturé le village de Chtchourové, cinq kilomètres au sud-ouest de Lyman.

Ces annonces interviennent alors que la Russie s’apprête vendredi à formaliser l’annexion de quatre régions ukrainiennes après de prétendus référendums dénoncés par l’Occident et organisés dans l’urgence face aux gains territoriaux des troupes de Kiev.

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