Pierre Maudet vers un nouveau scandale à Genève

AWP

1 minute de lecture

Le conseiller d’Etat est soupçonné d’avoir accepté un avantage venant du groupe hôtelier Manotel.

Le Ministère public genevois ne lâche pas Pierre Maudet. Après le voyage controversé à Abu Dhabi, il s’intéresse désormais aux relations entre le conseiller d’Etat et le groupe hôtelier Manotel, soupçonnant une possible acceptation d’un avantage dans ce cadre.

Dans un communiqué publié mardi, le Ministère public a annoncé avoir saisi le Grand Conseil d’une demande d’extension de l’autorisation de poursuivre Pierre Maudet. Cette demande, souligne-t-il, «porte sur les prestations financières» dont le magistrat a bénéficié de la part du groupe Manotel.

Dans le cadre de leurs investigations sur le voyage à Abu Dhabi du conseiller d’Etat en novembre 2015 avec sa famille, les procureurs chargés de la procédure ont pris connaissance «de l’existence de deux associations, le Cercle Fazy-Favon et l’Association de soutien à Pierre Maudet».

L’enquête a permis de constater que Manotel «avait viré à ces associations des montants d’un total de 105’000 francs, dont 75’000 francs alors qu’il était conseiller d’Etat», précise le communiqué du Ministère public. Le groupe a aussi financé une soirée d’anniversaire pour Pierre Maudet d’une valeur de 20’000 francs.

Le Ministère public a donc sollicité le Grand Conseil pour qu’il étende l’autorisation de poursuivre Pierre Maudet à ces faits, susceptibles de constituer «l’acceptation d’un avantage». Le conseiller d’Etat est déjà prévenu de cette même infraction pénale dans l’affaire de son voyage aux Emirats.

Avocat pas surpris

Sur Twitter, Grégoire Mangeat, l’avocat de Pierre Maudet, minimise la portée de cette action du Paquet. «Les éléments relatifs à Manotel sont connus depuis plusieurs semaines. Pour que le Ministère public puisse mener son enquête sur ces faits, l’élargissement de la demande d’immunité est un préalable constitutionnel nécessaire».

Par ailleurs, M. Mangeat écrit que Pierre Maudet «conteste très fermement avoir violé la loi». Cette demande d’extension de l’autorisation de poursuivre le conseiller d’Etat intervient à une semaine d’une assemblée générale extraordinaire du PLR genevois, permettant à la base du parti de s’exprimer sur «l’affaire».

De plus en plus isolé, le conseiller d’Etat compte beaucoup sur cette assemblée pour se redonner de l’énergie et compter ses soutiens. Le magistrat a été abandonné en novembre dernier par le comité directeur du PLR Suisse, qui lui a demandé de démissionner du gouvernement genevois, ce que Pierre Maudet a jusqu’à présent refusé.

Le comité directeur du PLR Genève a émis le même souhait quelques jours plus tard, à l’issue de sa troisième réunion en peu de jours consacrée aux ennuis judiciaires de son magistrat. Pierre Maudet s’est par ailleurs vu retirer par ses collègues la tutelle de la police, de l’aéroport et la présidence de l’exécutif cantonal.

Des derniers mois difficiles

Le Ministère public avait ouvert une procédure en août 2017 dans l’affaire du voyage entrepris à Abu Dhabi par Pierre Maudet, sa famille et son chef de cabinet. Un an après, le 30 août dernier, il a demandé au Parlement l’autorisation de poursuivre le magistrat pour acceptation d’un avantage.

Pierre Maudet a avoué avoir menti sur la nature et le financement de ce séjour. L’escapade n’avait pas de caractère privé. Le conseiller d’Etat avait été invité, tous frais payés, par le prince héritier de l’émirat cheikh Mohammed Bin Zayed Al Nahyan. Le voyage avait été organisé par des amis du magistrat actifs dans l’immobilier.

A lire aussi...