Le conseiller d’Etat genevois, qui a refusé d’aller s’expliquer à Berne, estime que démissionner serait la solution de facilité.
Le conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet n’entend pas démissionner pour l’instant. Il ne se rendra pas non plus mercredi à Berne s’expliquer devant les instances du PLR Suisse sur ses démêlés judiciaires liés à son voyage à Abu Dhabi.
«Démissionner, ce serait la solution de facilité», a déclaré Pierre Maudet mardi sur le plateau du 19:30 de la RTS. C’est une crise difficile, elle me touche personnellement, je n’en ressortirai pas indemne. Nous avons décidé avec mon parti au mois de septembre une stratégie qui consiste à respecter le temps de la justice», a indiqué le magistrat.
L’élu PLR a cependant précisé qu’il quitterait ses fonctions si une condamnation était prononcée. «Si je suis condamné pour les faits qu’on me reproche, bien évidemment que je ne peux pas rester», a-t-il assuré, précisant que l’ouverture d’un procès le pousserait «a priori» à la démission.
«Ma position est la même depuis le début, je n’ai pas dévié». Le conseiller d’Etat a toutefois admis que son mensonge est problématique, mais qu’il veut le rattraper. «Je ne sortirai pas indemne de cette affaire», a-t-il ajouté. «La confiance est évidemment entamée».
Plus tôt dans la journée, les services de Pierre Maudet avaient indiqué qu’il n’entend pas non plus se rendre mercredi à Berne pour s’expliquer devant les instances du PLR Suisse sur ses démêlés judiciaires liés à son voyage à Abu Dhabi. «Il privilégiera la séance du Conseil d’Etat».
A l’émission Forum de la RTS, le vice-président du PLR Suisse Andrea Caroni a dit que le comité directeur n’avait pas encore reçu de réponse officielle de Pierre Maudet.
«Il ne pourrait que gagner à venir, l’invitation reste valable jusqu’à mercredi. Mais s’il ne vient pas, tant pis pour lui. Ce n’est probablement pas la bonne tactique», estime Andrea Caroni.
«Nous souhaitons entendre les faits de sa bouche et qu’il puisse s’exprimer», avait fait savoir lundi Karin Barras, la porte-parole du PLR Suisse. La présence du président du PLR genevois Alexandre de Senarclens était également requise à ce rendez-vous.
Les relations entre Pierre Maudet et le PLR Suisse s’étaient déjà tendues la semaine dernière. «Si j’étais Pierre Maudet, j’aurais déjà démissionné», avait relevé la présidente du parti, Petra Gössi. Elle disait ne pas voir comment le conseiller d’Etat genevois pourrait regagner la crédibilité qu’il a perdue. Mardi à la RTS, Pierre Maudet s’est dit surpris de ces injonctions.
Le PLR suisse ne dispose pas de véritables moyens de rétorsion à l’encontre du conseiller d’Etat genevois. Il ne pourrait pas le sanctionner à titre individuel. Sa seule option serait d’exclure du parti la section cantonale genevoise dans son entier, alors que les élections fédérales se profilent dans un an.
Au sein du PLR Genève, des voix commencent à se faire entendre pour demander à Pierre Maudet de démissionner. Le conseiller national Benoît Genecand (PLR/GE) en fait partie.
«Il est temps de clarifier la situation (...) Pour diriger, il faut être crédible et que les gens vous écoutent», déclare M. Genecand dans un entretien diffusé lundi par la Tribune de Genève et 24 Heures. La position de M. Maudet «n’est bonne ni pour lui, ni pour le parti, ni pour le canton. Pierre Maudet doit démissionner», martèle-t-il.
Pour le parlementaire fédéral, le voyage public «maquillé en voyage privé, en ayant en poche la lettre officielle d’invitation du cheikh» des Emirats arabes unis et «son mensonge, organisé sur deux ans», justifient le départ du magistrat PLR.
M. Genecand estime que la stratégie de la présidence du PLR Genève, «qui visait à laisser le temps à Pierre Maudet pour préparer sa démission afin de ne pas déchirer le parti, a échoué». «L’affaire va continuer», poursuit-il, soulignant que l’»on ne peut plus mettre la poussière sous le tapis».
«On se retrouve avec une personne qui n’assume pas ses responsabilités, affaiblit les institutions en s’obstinant à rester en place et en attaque la légitimité», explique le conseiller national.
Vendredi, le comité directeur du PLR Genève s’est retrouvé pour discuter du sort du ministre genevois PLR. Il n’avait toutefois pas trouvé «opportun» de prendre position sur le voyage à Abou Dhabi, avait indiqué le président du PLR genevois Alexandre de Senarclens à l’issue de la réunion, à laquelle avait assisté M. Maudet.
Une assemblée générale extraordinaire du PLR genevois doit se tenir le 6 décembre prochain sur le sujet.
Une pétition réclamant la démission du conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet a été lancée en ligne, a révélé Le Courrier. Mardi vers 05h20, plus de 4340 personnes avaient signé le texte.
«Nous pensons que Pierre Maudet ne peut plus rester conseiller d’Etat, peu importe la conclusion future de la procédure judiciaire, car nous n’avons plus confiance en lui», en raison notamment de «ses mensonges», écrit l’initiateur de la pétition, l’ancien journaliste Didier Tischler Taillard sur le site internet www.change.org/p/pierre-maudet-pierre-maudet-démission.
Patrick Baud-Lavigne, l’ancien secrétaire du département de Pierre Maudet, est aussi dans le collimateur de la justice dans le dossier du voyage controversé, de même qu’un haut fonctionnaire encore en activité. Le parquet va en outre mettre en prévention, prochainement, deux acteurs des milieux immobiliers genevois, soupçonnés d’avoir organisé le séjour de Pierre Maudet aux Emirats arabes unis.