Meyer Burger compte rebondir d’ici 2026, mais doit encore se refinancer

AWP

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Le groupe a enregistré sur les six premiers mois de 2024 une perte opérationnelle brute (Ebitda) de 123,5 millions de francs, après un résultat négatif de 43,3 millions un an plus tôt.

Le fabricant de panneaux solaires en difficultés Meyer Burger a creusé ses pertes au premier semestre, notamment en raison des investissements aux Etats-Unis, mais compte rebondir d’ici 2026. A court terme, l’entreprise déplore cependant un déficit de financement très important et doit prendre des mesures urgentes.

Le groupe a enregistré sur les six premiers mois de 2024 une perte opérationnelle brute (Ebitda) de 123,5 millions de francs, après un résultat négatif de 43,3 millions un an plus tôt.

Meyer Burger a inscrit des amortissements de 197,4 millions de francs - contre 12,3 millions il y a un an - suite à la fermeture de la production de modules et de corrections de valeur sur des installations américaines. Cela a fortement pesé sur les résultats. Le déménagement et les travaux aux Etats-Unis ont augmenté les coûts opérationnels de 9,4 millions à 40,6 millions de francs.

La perte nette, abyssale, s’est inscrite à 317,3 millions, contre -64,8 millions au premier semestre 2023, a-t-il annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le chiffre d’affaires, déjà dévoilé fin septembre, a été confirmé à 48,7 millions de francs, après 96,9 millions engrangés un an plus tôt. La fermeture programmée de la production sur le site de Freiberg, en Allemagne, a fait plonger la production de modules à 105,2 mégawatts (MW), tandis que le stock de modules est passé à 340 MW fin septembre, contre 365 MW neuf mois plus tôt.

Les liquidités se sont quant à elles réduites de près de moitié à 83,4 millions de francs fin septembre. Le flux de trésorerie s’est révélé négatif à hauteur de 123,4 millions.

Aucune garantie de succès

Avec le lancement des activités outre-Atlantique, le groupe établi à Gwatt, près de Thoune, compte dégager dès 2026 un chiffre d’affaires annuel entre 350 et 400 millions de francs et un Ebitda d’environ 70 millions. La direction mise ses espoirs sur la montée en puissance du site de Goodyear, en Arizona, respectivement la mise en service de la deuxième ligne de production prévue pour la fin de l’année.

Dans le mois à venir, Meyer Burger devra cependant prendre des mesures urgentes pour parvenir à poursuivre son activité commerciale. Tout repose sur la réussite de la restructuration en cours, prévient la société fortement endettée. Il n’y a aucune garantie que cela puisse être possible ou que les conditions seront attrayantes pour le groupe ou ses actionnaires, lit-on dans le communiqué.

La décision annoncée en septembre de débrancher le site américain de Colorado Springs implique l’abandon d’investissements «considérables» ou la perte de leur valeur. Parallèlement, le développement de l’usine de modules de Goodyear nécessite encore des moyens. Ces éléments combinés ont entraîné un déficit de financement de plusieurs millions de francs, indique le groupe oberlandais dans un communiqué.

Le conseil d’administration mène des négociations avec un groupe de détenteurs d’obligations convertibles arrivant à échéance en 2027 et 2029. Ces créanciers ont accepté le principe de mettre à disposition des capitaux frais.

La restructuration dévoilée mi-septembre - impliquant la suppression de 200 emplois - s’est accompagnée du départ avec effet immédiat du directeur général Gunter Erfurt, l’artisan de la reconversion de Meyer Burger en producteur de cellules photovoltaïques. Le chef financier Markus Nikles a aussi été remercié. Le président du conseil d’administration Franz Richter a repris les rênes du groupe.

Jusqu’à nouvel ordre, la priorité de la direction sera d’assurer ses liquidités, souligne la Banque cantonale de Zurich, par la plume de son analyste Bernd Laux. Sans capitaux additionnels, la trésorerie devait suffire jusqu’à début mars, en supposant une combustion de liquidités de 15 millions de francs par mois. Un déficit de financement de 100 millions persiste. La survie de Meyer Burger ne tient plus qu’à un fil et l’actionnaire risque de n’avoir que ses yeux pour pleurer.

A 09h45, l’action Meyer Burger plongeait de 15,3% à 1,25 franc, dans un SPI en hausse de 0,61%.

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