Matières premières: l’or et le sucre se reprennent, le nickel fatigue

AWP

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L’once de métal jaune grimpe à plus de 1860 dollars, un sommet depuis mi-février.

L’or, qui avait débuté la semaine en baisse, s’est ressaisi jeudi et vendredi pour atteindre un sommet depuis mi-février à plus de 1860 dollars, soutenu par la faiblesse du dollar.

Le cours de l’or s’envolait après un rapport sur l’emploi américain qui, malgré des créations importantes, a fait état d’une hausse moins marquée que prévu du salaire horaire moyen. Cela pousse les investisseurs à revoir à la baisse leurs paris sur les futures hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), ce qui pèse sur le dollar.

Par ricochet, comme le dollar est la devise de référence du marché aurifère, les investisseurs utilisant d’autres devises multiplient les achats à bon compte.

Par ailleurs, «la valeur refuge a profité des déboires des banques américaines», estime Rupert Rowling, analyste chez Kinesis Money.

La Silicon Valley Bank (SVB) a provoqué un mouvement de ventes paniques sur le secteur financier en annonçant être à la recherche urgente de liquidité et est encore sous pression vendredi.

Par ailleurs, l’or pourrait continuer de se démarquer «si les banques centrales continuent leurs achats», remarque Han Tan, analyste chez Exinity.

Les instituts monétaires multiplient ces derniers mois leurs achats de métal jaune, à la fois pour lutter contre l’inflation et pour se diversifier du dollar.

L’once d’or coûtait 1864,09 dollars vers 16H00 GMT (17H00 à Paris), contre 1856,48 dollars sept jours plus tôt en fin d’échanges.

Le nickel terne

Le cours du nickel a baissé cette semaine sur le London Metal Exchange (LME), l’enthousiasme des investisseurs au début de l’année sur une forte reprise de la demande chinoise après la fin des restrictions sanitaire ayant été mis à mal par un objectif de croissance prudent du pays.

Le prix du nickel a chuté de plus de 20% depuis le début de l’année, principalement «en raison d’un manque d’optimisme quant aux perspectives de la demande chinoise», explique Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank.

La force de la reprise attendue de la demande en Chine, grand pays consommateur de métaux industriels, a été mise à mal après que ses dirigeants ont annoncé un objectif de croissance modeste de 5% pour 2023, l’un des plus bas depuis des décennies.

Cette annonce «a réduit les attentes de mesures de relance supplémentaires pour accélérer la reprise économique», avance Ole Hansen, analyste chez Saxobank.

Commerzbank s’attend cependant à «un renversement de tendance dès que l’économie chinoise se redressera sensiblement au deuxième trimestre».

Thu Lan Nguyen rappelle également que les risques d’approvisionnement en nickel sont loin d’être écartés, la Russie étant un important fournisseur.

«Certains observateurs du marché craignent donc que Moscou ne restreigne les exportations de ce métal en réponse aux sanctions occidentales», ou oriente davantage son commerce vers l’Asie, au détriment de l’Europe et des Etats-Unis.

L’analyste relève aussi qu’un an après les troubles survenus dans les échanges de nickel au LME, «la réputation de la Bourse des métaux de Londres reste ternie, comme en témoigne la baisse considérable des volumes échangés», en chute de 28% l’an dernier par rapport à l’année précédente.

Vers 16H00 GMT sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 22’975 dollars vendredi après avoir reculé à un plus bas depuis novembre, contre 24’597 dollars le vendredi précédent à la clôture.

Le sucre se solidifie

Les prix du sucre se reprenaient sur la semaine, dopés par une offre préoccupante, notamment venue d’Inde, un des principaux pays producteurs du monde.

Les cours ont grimpé, «la production indienne restant inquiétante», indique Jack Scoville, analyste de Price Group.

«On pense que la production indienne sera de 33 millions de tonnes cette année ou moins et le marché a dû rationner l’offre par le biais des prix», précise-t-il.

Les perspectives de marché trimestrielles de l’International Sugar Organization (ISO) indiquent en effet un déficit mondial de 4,2 millions de tonnes pour la saison 2022/23.

La production thaïlandaise devrait quant à elle augmenter, mais celle du Brésil diminuer légèrement cette année.

En Europe enfin, la production devrait «encore réduire cette année, la superficie plantée en France risquant de tomber à son plus bas niveau depuis 14 ans pour les betteraves sucrières», affirme M. Scoville.

Vers 16H00 GMT, à New York, la livre de sucre brut pour livraison en mai valait 21,05 cents, contre 20,92 cents sept jours auparavant.

A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mai valait 587,80 dollars contre 588,40 dollars le vendredi précédent à la clôture.

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