Mario Draghi évoque une «modération» dans la croissance

AWP

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Le discours d’aujourd’hui constitue une inflexion de ton du président de la BCE.

La Banque centrale européenne a dit jeudi observer une «certaine modération» de la croissance en zone euro et s’est inquiétée des «menaces protectionnistes» qui s’aggravent, brossant un tableau plus pessimiste qu’auparavant.

«Après plusieurs trimestres de croissance plus élevée que prévu, les informations disponibles depuis notre dernière réunion début mars semblent indiquer une certaine modération», a déclaré le président de l’institution, Mario Draghi.

Même s’il a ajouté que la conjoncture demeure «cohérente avec une expansion large et solide», cette déclaration marque une inflexion de ton du banquier central, alors que la BCE n’avait cessé jusqu’en mars de réviser à la hausse ses projections de croissance.

«Il est clair que depuis la dernière réunion, quasiment tous les pays ont expérimenté, à des degrés divers, une modération ou perte de dynamique dans la croissance», a-t-il insisté, à quelques jours de la publication, mercredi, des chiffres du Produit intérieur brut (PIB) du premier trimestre en zone euro.

M. Draghi a en particulier souligné l’aggravation des «menaces protectionnistes» planant sur l’économie mondiale, alors que Washington pourrait imposer dans les prochains jours des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium à l’Europe.

«Les risques liés à des facteurs de nature mondiale, incluant les menaces d’une aggravation du protectionnisme, sont devenus plus importants», a alerté le patron de l’institution monétaire.

Le gouvernement allemand a justement fait savoir dans la matinée qu’il s’attendait à ce que le président américain Donald Trump impose ses taxes douanières sur l’acier et l’aluminium européens à compter du 1er mai, au lieu de renouveler l’exemption actuelle.

Pour Mario Draghi, qui avait évoqué en mars une «préoccupation sur l’état des relations internationales», les tensions commerciales relèvent pour l’heure largement «de la rhétorique», mais il reste à voir «ce que cela va produire» et surtout «l’étendue des représailles».

«Ce qui est certain, c’est que ces événements ont un effet profond et rapide sur la confiance» des milieux économiques, susceptible «d’affecter à son tour les perspectives de croissance», a-t-il mis en garde.

La BCE doit aussi examiner l’impact éventuel d’un assombrissement du ciel économique sur l’évolution de l’inflation vers son objectif, soit un taux inférieur mais proche de 2% à moyen terme, a poursuivi M. Draghi.

Bien que l’institution martèle depuis des mois sa «confiance» dans les chances de voir l’évolution des prix rentrer dans les clous de son mandat, l’inflation se traînait encore en mars à 1,3%, interdisant tout durcissement de la politique monétaire.

 

Des signes encourageants de hausse des salaires
La Banque centrale européenne constate «des signes encourageants» de hausse des salaires, phénomène qu’elle attendait depuis des mois mais qui peine encore à entraîner les indices de prix, a indiqué jeudi son président Mario Draghi.
«Il n’y a pas de tendance à la hausse de l’inflation ou des indications qu’une telle évolution est sur le point d’arriver», a commenté le banquier italien, malgré les «signes encourageants sur la hausse des salaires nominaux».
L’inflation en zone euro continue d’évoluer à un niveau trop bas par rapport à la dynamique économique: à 1,3% en mars, il s’agit certes d’une accélération sur un mois mais qui relève d’effets saisonniers, tandis que l’inflation calculée sans les matières premières et l’énergie demeure scotchée à 1%.
L’évolution des salaires est un élément clé pour permettre la remontée des prix, et malgré la baisse du chômage, les rémunérations n’ont connu qu’une faible évolution à la hausse.
Le puissant syndicat de la métallurgie allemande a certes envoyé un signal remarqué en décrochant en janvier une augmentation de salaire de 4,3% pour ses 3,6 millions d’affiliés, mais ce coup de pouce mettra du temps à se propager.
Dès le mois de juin 2017, M. Draghi s’était explicitement inquiété de la «faible qualité» des emplois créés, assortis de faibles salaires, tout en assurant qu’à un horizon non précisé, cette qualité allait «s’améliorer».
La BCE a malgré tout réitéré jeudi sa «confiance» dans les chances de voir «converger» l’inflation vers son objectif, proche mais inférieur à 2% à moyen terme, aidée par le vaste programme de soutien à l’économie mené par l’institution.

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