Le cours du bitcoin, qui avait flambé fin 2020 et en 2021 pour atteindre un record à 68’992 dollars, renouait lundi avec son niveau d’il y a 18 mois à moins de 24’000 dollars, soit une chute de 66%.
Les cryptomonnaies, bitcoin en tête, poursuivaient lundi leur plongeon dans un marché hostile au risque, déstabilisant ce secteur encore balbutiant qui a profité ces dernières années de l’argent facile créé par les banques centrales.
Le cours du bitcoin, qui avait flambé fin 2020 et en 2021 pour atteindre un record à 68’992 dollars, renouait lundi avec son niveau d’il y a 18 mois à moins de 24’000 dollars, soit une chute de 66%.
L’ensemble du marché a perdu les deux tiers de sa valeur par rapport à son pic et vaut désormais à peine 1.000 milliards de dollars, estime le site Coingecko.
Les cryptoactifs sont «les premières victimes de l’aversion au risque des investisseurs, qui s’inquiètent de la spirale de l’inflation» dans le monde, commente Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Les Bourses à travers le monde reculaient lundi, plombées par les données publiées avant le week-end sur l’inflation américaine galopante, qui pèse sur l’économie et pousse la Réserve fédérale (Fed) à remonter ses taux.
Encore plus que les autres marchés, les cryptoactifs ont profité des largesses des banques centrales, qui ont inondé les investisseurs de liquidités depuis le début de la pandémie de Covid-19 pour empêcher l’économie de flancher.
Fin 2020 et début 2021, le bitcoin avait atteint certains de ses records historiques juste après l’envoi par le gouvernement américain de chèques à tous les contribuables, suggérant que certains en avaient profité pour placer leurs deniers dans la cryptomonnaie.
Les cryptoactifs avaient par ailleurs bénéficié de l’intérêt d’investisseurs institutionnels et de grands groupes de la tech, à l’instar du patron de Tesla Elon Musk, qui avait placé une petite partie de la trésorerie de son groupe en bitcoin.
Certains de ces investisseurs jugeaient que le secteur était devenu plus respectable et que son dernier plongeon, quand le bitcoin était passé de près de 20.000 dollars à un peu plus de 3.000 dollars entre fin 2017 et fin 2018, ne pouvait se reproduire.
Même si les banques centrales et régulateurs ont alerté à de multiples reprises contre la volatilité et le manque de régulation des cryptomonnaies, les analystes de la banque JPMorgan avaient repris à leur compte la théorie de certains partisans du bitcoin, qui voient dans la première cryptomonnaie une forme d’or numérique.
Comme l’émission de bitcoin est gouvernée par un algorithme et non régulé par une banque centrale, l’actif est protégé d’une politique d’émission de monnaie pour soutenir l’économie et pourrait théoriquement protéger de l’inflation, expliquaient-ils.
Pour certains analystes sceptiques du secteur, la chute du cours ces derniers mois prouve que le bitcoin «n’est pas une valeur anti-inflation, mais un actif à risque et pas un bon», résume Neil Wilson, analyste à Markets.com.
La chute du marché déstabilise des projets de cryptomonnaies ou d’entreprises qui promettaient de construire une finance décentralisée (decentralized finance, ou DeFi).
Après l’échec du stablecoin terra, cette cryptomonnaie dont le cours était censé être arrimé à celui du dollar, mais qui a vu sa valeur plonger en mai, les déboires de Celsius inquiétaient lundi les investisseurs.
Cette entreprise, qui se présente comme «une plateforme d’intérêts et de prêts», propose aux investisseurs de déposer leurs cryptomonnaies «historiques», comme le bitcoin et l’ether, et de leur verser en échange des rendements bien supérieurs à ceux proposés sur le marché classique grâce à des prêts ou des placements sur de nouveaux projets de cryptoactifs.
Elle avait attiré l’intérêt de la finance traditionnelle, avec par exemple une montée à son capital de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
Mais les actifs placés auprès de Celsius avaient vu leur valeur fondre, le fonds affirmant gérer 12 milliards de dollars mi-mai, soit moitié moins que fin 2021.
«En raison de conditions de marchés extrêmes, nous suspendons tous les retraits et transferts entre comptes», a annoncé la plateforme lundi.
«Il y a de la casse dans l’espace crypto et cela risque d’empirer», prévient Neil Wilson.
Les partisans des cryptoactifs, qui ont parfois survécu à «l’hiver de la crypto», comme ils surnomment les années de vaches maigres après 2017, affirment en revanche garder l’estomac solide.
Changpeng Zhao, patron de la plus grande plateforme d’achats de cryptomonnaies, Binance, a ainsi affirmé lors d’une conférence sectorielle que «les échecs [de certaines entreprises] faisaient partie du système», ajoutant être sur le point de «grandir et d’embaucher», alors que son rival Coinbase a annoncé le gel des embauches.