Les banques centrales et l’Inde gonflent la demande d’or au troisième trimestre

AWP

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Entre juillet et septembre, la demande a atteint 1181 tonnes, soit 18% de plus qu’à la même période l’an dernier.

La demande mondiale d’or a progressé au troisième trimestre malgré le désintérêt des investisseurs professionnels, qui a été plus que compensé par l’appétit des banques centrales et des acheteurs indiens, selon le Conseil mondial de l’or (CMO).

Entre juillet et septembre, la demande a atteint 1181 tonnes, soit 18% de plus qu’à la même période l’an dernier, selon un rapport trimestriel publié mardi.

En cause notamment, les emplettes des banques centrales, qui se ruent sur les pièces et les lingots, avec près de 400 tonnes d’or d’achetées sur le trimestre, un record.

«Quand on demande aux banques centrales pourquoi elles s’intéressent à l’or, elles expliquent que c’est une bonne réserve de valeur», qui préserve de l’inflation et du risque géopolitique, commente auprès de l’AFP Louise Street, analyste du CMO.

Par opposition, les investisseurs professionnels sont «obnubilés par le dollar et les taux d’intérêt», note-t-elle, pour expliquer le désamour de Wall Street pour le métal jaune.

Les ETF, des titres financiers cotés indexés sur le cours du métal jaune, ont ainsi vu des sorties de capitaux représentant 227 tonnes, un record depuis 2013.

Pour les investisseurs professionnels, ces titres sont moins intéressants que les obligations d’Etat américaines, au rendement galvanisé par la perspective d’une politique stricte de la Réserve fédérale (Fed).

Plombé par ce désintérêt, le cours de l’once d’or en dollar a reculé de 8% au troisième trimestre à 1660 dollars.

Inde et Chine achètent

Mais à travers le monde, les particuliers ont en revanche augmenté leurs achats de pièces, de lingots et de bijouterie.

En Inde, deuxième plus grand acheteur aurifère mondial, la demande de bijoux a augmenté de 17% à 146,2 tonnes, et celle de pièces ou lingots de 6% à 45,4 tonnes.

«Les consommateurs urbains ont mené la reprise de la demande, car l’activité économique s’est normalisée dans ces régions» après de longues années de perturbations liées à la pandémie de Covid, commente le CMO dans son rapport.

Mais si l’inflation dope pour l’instant la demande, l’or étant considéré comme une valeur refuge, elle pourrait à terme peser sur les revenus et forcer les ménages à vendre, notamment dans les zones rurales où la hausse des prix est particulièrement douloureuse, prévient l’organisation.

En Chine, premier acheteur mondial, la hausse de la demande est moins spectaculaire d’une année sur l’autre: +8% à 70,1 tonnes pour les pièces et lingots, +5% pour les bijoux.

Mais la différence d’un trimestre sur l’autre, après un deuxième trimestre marqué par les confinements à répétition, est de +58% au troisième trimestre.

«Il y avait une demande qui s’était accumulée» pendant les confinements, «mais il y a aussi un aspect d’achat de valeur refuge», précise Mme Street.

Signe de l’inquiétude des acheteurs et d’achats motivés par l’investissement, «les ventes de produits à 24 carats se sont multipliées, avec un prix au poids qui valorise moins le travail» des bijoutiers, souligne le CMO.

Les mines rouvrent

Les achats d’or physique en raison des risques qui pèsent sur l’économie mondiale ne sont pas réservés à l’Asie: selon le CMO, les lingots et les pièces étaient particulièrement recherchés au Royaume-Uni au début du dernier trimestre de l’année, en raison d’un choc particulièrement brutal sur le marché britannique.

Dernier effet de l’affaiblissement de l’économie mondiale sur le marché aurifère: la demande en recul de l’industrie technologique, qui utilise notamment l’or comme conducteur dans certains produits.

«La rapidité du ralentissement de la demande des consommateurs n’était pas ce à quoi s’attendaient» les géants de la tech, qui ont donc revu à la baisse leur production avant la fin de l’année, pourtant leur plus forte période de vente, explique Mme Street.

L’offre reste stable (+1% à 1215,2 tonnes): si les mines chinoises ont pu reprendre leur activité, le recyclage d’or a diminué en raison de la baisse du cours.

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