Le franc est tombé mardi au plus bas par rapport à l’euro depuis près de neuf mois, handicapé par la récente baisse de taux de la Banque nationale suisse (BNS) et l’utilisation de la devise helvétique pour des opérations spéculatives.
Vers 20H35 GMT, la devise de la Confédération abandonnait 0,43% face à la monnaie unique, à 0,9790 franc pour un euro. Plus tôt, elle était descendue jusqu’à 0,9813 franc, une première depuis fin juin.
Le franco svizzero, comme il est appelé en Suisse italienne, a aussi reculé à un plancher de plus de quatre mois face au billet vert, à 0,9043 franc pour un dollar.
La BNS a annoncé, jeudi, l’abaissement d’un quart de point de pourcentage de son taux directeur, à 1,5%, devenant ainsi la première banque centrale majeure à assouplir sa politique monétaire.
L’institution a indiqué que sa décision prenait en compte le ralentissement de l’inflation, tombée à 1,2% sur un an en février, ainsi que «l’appréciation du franc en termes réels enregistrée l’année écoulée», c’est-à-dire corrigée de la hausse des prix.
«Cet abaissement surprise et l’indication que le franc est toujours trop élevé en termes réels au goût de la BNS a été un feu vert pour ceux qui tablent sur une baisse» de la devise helvétique, ont estimé, dans une note, les analystes de Wells Fargo, qui voient la monnaie s’affaiblir davantage.
Pour Marc Chandler, de Bannockburn Global Forex, «le renminbi offshore» (ou yuan offshore), qui circule hors de Chine continentale, «et le franc ont pris une partie de la place occupée par le yen comme monnaie de financement».
Certains spéculateurs se livrent au «carry trade», une technique qui consiste à emprunter dans une devise dont la banque centrale pratique des taux faibles, pour effectuer un placement dans une monnaie appuyée sur des taux élevés.
Historiquement, le yen est la monnaie de prédilection du «carry trade», mais en ce moment, «les gens s’interrogent sur la trajectoire du yen» et préfèrent s’en détourner, explique Marc Chandler.
La Banque du Japon (BoJ) a décidé, la semaine dernière, de relever son taux directeur pour la première fois depuis 8 ans, le portant de -0,1% à 0%.
Mais si l’institution monétaire a signalé sa volonté de ne rien précipiter, le rythme de durcissement de la politique monétaire reste incertain, ce qui joue sur le yen.
Dès lors, les spéculateurs lui préfèrent le franc, ce qui sape encore un peu plus la devise helvétique.
Outre le dollar, le peso mexicain est l’un des grands bénéficiaires du «carry trade», a relevé M. Chandler.