L’augmentation du nombre de retraités et l’allongement de la durée de vie pèse lourdement et creuse un fossé d’environ 1 milliard de francs, selon UBS.
Les déséquilibres dans le système suisse de retraite continuent de se creuser, selon les spécialistes d’UBS. L’augmentation du nombre de retraités et l’allongement de l’espérance de vie pèsent lourdement et creusent un fossé d’environ 1 milliard de francs.
«Les promesses de rentes de l’AVS dépassent les recettes futures de près de 170% du produit intérieur brut suisse, soit tout juste plus d’un milliard de francs», a indiqué mardi la banque aux trois clés dans un communiqué.
En cause notamment, l’augmentation rapide du nombre des rentiers par rapport à celui des actifs, a estimé l’économiste Jackie Bauer. Actuellement, la Suisse compte en effet 3,4 actifs pour une personne en âge de prendre sa retraite. En 2040, ce chiffre baissera à 2,2.
La génération d’après-guerre entrant progressivement dans l’âge de la retraite, leurs cotisations importantes (environ 9000 francs par an) à l’AVS vont se transformer peu à peu en dépenses, puisqu’ils passeront dès lors de cotisant à bénéficiaire.
L’allongement de la durée de perception des rentes pèse lourdement sur le système. Selon Veronica Weisser, spécialiste prévoyance chez UBS, «les personnes qui arrivent aujourd’hui à l’âge de la retraite (...) n’auront en moyenne travaillé et versé des cotisations AVS que pendant 1,8 année pour chaque année pour laquelle elles percevront une rente AVS».
«En 1948, lorsque l’AVS est entrée en vigueur, le rapport était encore de 3,4 années de cotisation par année de perception de la rente», a-t-elle rappelé. A la mise en place de l’AVS en 1948, la durée moyenne de perception des rentes s’élevait ainsi à 13 années, alors qu’aujourd’hui elle atteint 24 ans.
Pour les experts du groupe bancaire, «si une société souhaite bénéficier d’une telle réduction de temps de vie active par rapport à la période de retraite, elle doit accepter en contrepartie une diminution de la prospérité, que ce soit par le biais d’une réduction des rentes ou d’une baisse du niveau de vie pour les générations qui en assument le paiement».
Selon UBS, un assouplissement du départ à la retraite avec un relèvement lent et progressif de l’âge de référence, afin que le temps moyen de perception d’une rente corresponde environ à 20% de la durée de vie totale, réduirait de plus de moitié la lacune de financement de l’AVS.
«L’alignement prévu de l’âge de la retraite des femmes sur celui des hommes est la seule mesure de la réforme qui renforce l’équité intergénérationnelle», a encore ajouté la banque, selon laquelle son indice de prévoyance a atteint fin 2018 son plus bas niveau historique.