Le négoce de matières premières tessinois plombé par les sanctions

AWP

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La place luganaise, particulièrement active dans les métaux industriels, est très exposée. La faîtière Lugano Commodities Trading Association (LCTA) décrit une situation dramatique.

Moins connue que ses homologues genevoise et zougoise, la place luganaise est un haut-lieu du négoce de matières premières helvétique, particulièrement dans le secteur des métaux industriels. Durement affectée par la décision européenne le 14 mars d’interdire l’exportation de produits sidérurgiques russes en réponse à la guerre en Ukraine, la branche a récemment tenu une réunion de crise.

«Le 24 février 2022 sera une date qui entrera dans l’Histoire, encore plus que le 11 septembre, avec des conséquences encore imprévisibles», a confié sous couvert d’anonymat à Swissinfo le directeur d’une société active dans le commerce de l’acier, signalant que pour les entreprises du secteur en affaires avec la Russie et l’Ukraine «cela signifie la paralysie totale».

Même son de cloche du côté de la faîtière Lugano Commodities Trading Association (LCTA), dont le secrétaire général Marco Passalia décrit une situation dramatique: «navires à l’arrêt, lignes de crédit bloquées et sociétés au bord de la faillite», avec à la clé le risque d’avoir des contrats qui ne pourront pas être honorés.

Le responsable rappelle qu’avant même l’éclatement de la guerre nombre d’instituts bancaires avaient déjà bloqué le financement de nombreuses matières premières en provenance de Russie, à l’exception notable du gaz et du pétrole. A cela s’ajoutent maintenant les difficultés liées à l’application des sanctions et les problèmes logistiques.

Colosses métalliques

Sur les 123 sociétés enregistrées au Tessin dans le négoce de matières premières, près de la moitié (51) sont spécialisées dans le commerce de minerais et de métaux, pouvait-on lire mercredi sur Swissinfo. Ces dernières, qui emploient 575 personnes dans le canton italophone, représentent 2% de son produit intérieur brut (PIB) et des recettes fiscales avoisinant les 70 millions de francs par an.

«Au moins 15 entreprises ayant des liens étroits avec la Russie et l’Ukraine voient aujourd’hui leurs activités paralysées et craignent fortement des pertes d’emplois», s’est ému Marco Passalia.

Le Tessin abrite notamment Severstal Export, aux mains de l’oligarque Alexeï Mordachov, un proche du président russe Vladimir Poutine, ainsi que MMK Steel Trading, propriété de Viktor Rashnikov, également sous le coup de sanctions.

NLMK Trading a également élu domicile au sud des Alpes. Troisième fortune de Russie avec 26,2 milliards de dollars, selon le dernier classement de Forbes, le président du conseil d’administration du colosse sidérurgique, qui exporte plus de 30% de l’acier russe, Vladimir Lissine, ne figure quant à lui pas dans la liste dressée par le Secrétariat d’État à l’économie (Seco).

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