La maison-mère de la société financière Greensill en liquidation

AWP

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La liquidation signifie que les administrateurs n’ont pas trouvé de repreneurs après une tentative avortée de revendre certains actifs à la société d’investissement américaine Apollo.

La maison-mère de Greensill Capital, société financière dont la faillite le mois dernier secoue de nombreuses entreprises dans le monde et s’accompagne de répercussions politiques, a été placée en liquidation, réduisant les espoirs pour les créanciers de récupérer leurs fonds.

Lors d’une réunion jeudi des administrateurs de la faillite avec 41 créanciers, dont Softbank, Credit Suisse, la fondation de la famille du fondateur Lex Greensill et l’Association des banques allemandes, «les créanciers ont décidé de placer l’entreprise en liquidation», annonce Grant Thornton, la société en charge de gérer le dépôt de bilan, dans un communiqué.

La maison-mère située en Australie et fondée en 2011 par Lex Greensill était chargée du support administratif et de sourcer des fonds pour le reste des 40 sociétés du groupe, dont Greensill Capital, qui a déposé le bilan au Royaume-Uni où le gros de ses activités opérationnelles sont situées, et Greensill Bank AG en Allemagne.

«Les liquidateurs vont continuer à identifier des actifs (...) et gérer les développements en relation avec la gestion des dépôts de bilan de Greensill UK et de Greensill Bank AG», qui font l’objet de procédures de faillites séparées, souligne le communiqué de Grant Thornton sans plus de précisions.

Une tentative de revendre des actifs au fonds américain Apollo a notamment échoué le mois dernier.

L’association des banques allemandes réclame notamment 2 milliards d’euros et Softbank avait injecté plus d’1 milliard de dollars dans Greensill d’après un document envoyé par Grant Thornton pour la réunion de jeudi.

La chute début mars de Greensill, qui était spécialisée dans les prêts à court terme aux entreprises pour qu’elles paient leurs fournisseurs, a déclenché une vague d’inquiétudes dans le secteur financier et dans l’industrie.

Dans un schéma qui peut rappeler les montages hasardeux de la crise financière de 2008, Greensill se finançait en transformant les dettes que lui devaient ces entreprises en produits financiers qu’elle vendait à de grands investisseurs.

Structure opaque

Sa faillite a été déclenchée par un assureur qui a refusé de renouveler sa couvertures de transactions.

Sa structure et ses transactions opaques ont généré des soupçons de fraudes et des doutes sur la valorisation de ses actifs.

Cette faillite retentissante s’est traduite par de lourdes pertes chez Credit Suisse notamment qui avait suspendu début mars le négoce et les souscriptions pour quatre fonds liés à Greensill, évoquant des «incertitudes considérables» quant à leur exacte valorisation.

Elle menace aussi l’empire industriel du magnat de l’acier anglo-indien Sanjeev Gupta, qui était l’un de ses principaux clients et emploie des dizaines de milliers de personnes en Australie, en France et au Royaume-Uni.

Le ministre britannique des Entreprises Kwasi Kwarteng a notamment admis qu’il y avait un risque de fermetures d’usines du groupe de sidérurgie Liberty Steel, qui regroupe les activités d’acier de l’empire de Sanjeev Gupta.

L’affaire a également des ramifications politiques au Royaume-Uni où l’ancien Premier ministre David Cameron est vertement critiqué pour ses activités de lobbying auprès du gouvernement britannique pour le compte de Greensill, dont il était conseiller.

Une enquête indépendante a été lancée et ravive le débat sur le copinage dans les hautes sphères politico-financières.

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