La hausse des taux, lueur d’espoir pour les assureurs et réassureurs

AWP

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En renchérissant le coût de l’argent, les banques centrales améliorent le rendement d’un certain nombre d’actifs, et notamment des obligations, appréciées des assureurs et réassureurs réunis à Monaco.

Multiplication des catastrophes climatiques, répercussions de la guerre en Ukraine, hausse de l’inflation... Assureurs et réassureurs doivent affronter un amoncellement de nuages noirs. Mais dans ce panorama sombre, une lueur d’espoir apparait: la hausse des taux.

Face à la flambée des prix, les principales banques centrales ont en effet décidé de remonter leurs taux directeurs, un mouvement qui va se poursuivre dans les prochains mois.

Jeudi dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a ainsi relevé son taux sur les dépôts bancaires de 0% à 0,75%. Son homologue américaine avait déjà relevé ses taux directeurs à quatre reprises depuis mars, et ceux-ci se situent désormais dans une fourchette de 2,25 à 2,50%.

Les acteurs et observateurs du monde de l’assurance estiment que ces hausses sont une «bonne nouvelle», après des années de taux historiquement bas.

En renchérissant le coût de l’argent, les banques centrales améliorent le rendement d’un certain nombre d’actifs, et notamment des obligations, appréciées des assureurs et réassureurs, réunis jusqu’à mercredi à Monaco pour discuter des tarifs de l’année à venir.

Ces derniers ont en effet de l’argent à placer: celui de leurs assurés, que les assureurs détiennent entre le moment où ils perçoivent les primes et la période où ils doivent débourser des fonds pour indemniser en cas d’un sinistre.

En investissant majoritairement des obligations (réputées moins risquées que des actions), les assureurs touchent donc des intérêts, dont le montant dépend en partie de la politique monétaire en vigueur au moment de la souscription. Ils les renouvellent quand elles arrivent à maturité.

Concrètement, «j’ai des obligations que j’ai achetées il y a quelques années qui arrivent à échéance, je les réinvestis à un taux plus élevé», explique à l’AFP Alban Mailly de Nesle, directeur financier d’Axa.

Le bénéfice de la hausse des taux «ne vient pas en une fois, mais au fur et à mesure que je réinvestis» les actifs, souligne-t-il, ce qui peut prendre cinq ans, le temps de renouveler le stock.

Pour les réassureurs, cela devrait être plus rapide, estime Marc-Philippe Juilliard, directeur assurance pour l’agence de notation S&P, car les renouvellements se font plus rapidement. Selon lui, le plein effet se verra «probablement sur les exercices 2023-2024».

Si les revenus augmentent, les assureurs doivent dans le même temps être attentifs aux coûts d’indemnisations des sinistres, pas épargnés par une inflation mesurée à 5,8% sur un an au mois d’août selon la dernière estimation provisoire de l’Insee.

Assurance vie

Du côté de l’assurance vie, produit d’épargne préféré des Français avec 1847 milliards d’euros d’encours à fin juillet, la hausse des taux est aussi accueillie favorablement.

Après plus de dix ans de baisse ininterrompue, le rendement des fonds euros, support d’investissement phare dont le capital est garanti, devrait remonter en 2022, estime Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures.

Selon lui, après être tombé en moyenne à 1,08% en 2021, un plus bas historique, le rendement brut pourrait grimper entre 1,60% et 2% cette année.

Le renouvellement du stock d’obligations n’en sera pas à lui seul responsable.

Les fonds d’assurance vie disposent en effet de réserves, plus ou moins importantes, que leurs gestionnaires doivent utiliser à bon escient. Il sera tentant pour eux d’y piocher, ne serait-ce que pour pouvoir rivaliser avec le Livret A, qui propose un rendement de 2% net.

Avant l’été, M. Chartier-Kastler avait par ailleurs appelé à mettre en place des mesures pour éviter un scénario du pire avec des sorties massives de capitaux vers des produits mieux rémunérés. Une sortie peu appréciée des assureurs, qui n’ont pas hésité à brocarder l’expert.

«On ne va pas aujourd’hui hurler au loup parce que les taux remontent! On n’attend que cela depuis des années», a commenté une personnalité du secteur interrogée sur de potentielles répercussions négatives.

Il est vrai que le rendement n’est pas le seul critère recherché par les assurés, l’avantage fiscal ou successoral pouvant aussi jouer.

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