La guerre commerciale risque d’essouffler plus vite l’économie US

AWP

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Les investisseurs sont inquiets de l’enlisement du conflit entre les deux premières puissances économiques mondiales qui fragilise l’économie mondiale en prolongeant les incertitudes.

L’économie des Etats-Unis montre des signes d’essoufflement avec des créations d’emplois moins nombreuses et des exportations en baisse. Et malgré le coup de pouce de la Banque centrale, la croissance encore solide risque de pâtir de la guerre commerciale avec la Chine.

Après les places européennes et asiatiques, Wall Street, qui avait terminé dans le rouge jeudi, reculait encore vendredi. Les investisseurs sont inquiets de l’enlisement du conflit entre les deux premières puissances économiques mondiales qui fragilise l’économie mondiale en prolongeant les incertitudes.

Donald Trump, qui brigue un second mandat, a fait part jeudi de son intention d’augmenter, à partir du 1er septembre, les tarifs douaniers sur la totalité des importations venues de Chine.

Cette décision a pris de court les marchés encore bercés par le relatif optimisme suivant des discussions entre Américains et Chinois à Shanghai, qualifiées de «constructives» par les deux parties.

Le gouvernement chinois a immédiatement averti vendredi qu’il n’aurait guère d’autre choix que de prendre des mesures de représailles si le président américain mettait sa menace à exécution. Pékin n’a toutefois pas encore précisé la nature de ces éventuelles mesures de rétorsion.

Ce conflit, qui s’est déjà traduit par des tarifs douaniers supplémentaires sur quelque 360 milliards de biens échangés entre les deux pays, affaiblit les échanges commerciaux.

Le déficit commercial américain pour les seules marchandises avec Pékin a ainsi diminué en juin de 0,2% à 30,15 milliards, a annoncé vendredi le département du Commerce. Et, pour l’ensemble du premier semestre, il se réduit même de 10,3% à 179,81 milliards.

Pour l’heure, Donald Trump assure que l’économie américaine est imperméable à ce conflit. Le Fonds monétaire international (FMI) lui a pour le moment donné raison, observant un déplacement des flux commerciaux de la Chine vers d’autres pays asiatiques.

Mais les économistes mettent en garde contre les incertitudes créées par ce conflit prolongé et qui finira par éroder la confiance des ménages et des investisseurs.

De plus, l’économie américaine, qui avait été largement stimulée en 2018 par la baisse des impôts décidée par Donald Trump, ralentit à mesure que les effets de cette politique s’estompent.

Ombre sur le pouvoir d’achat

Vendredi, les chiffres de l’emploi pour le mois de juillet, sont venues témoigner que le ralentissement est bien réel.

Le taux de chômage est certes resté stable à 3,7% mais les créations d’emplois aux Etats-Unis ont fortement diminué tombant à 164.000 contre 193.000 en juin.

Autre signe tangible de l’essoufflement, l’économie américaine a créé 165.000 emplois en moyenne chaque mois depuis janvier, contre 223.000 en moyenne mensuelle au premier semestre 2018.

Pour le seul secteur manufacturier, le plus exposé à la guerre commerciale, 8.000 emplois ont été créés chaque mois contre 22.000 l’an passé.

Sur une note plus positive, le salaire horaire moyen a augmenté de 3,2% sur un an en juillet, soit une hausse bien supérieure à l’inflation, ce qui a permis de soutenir la consommation des ménages.

Ce sont d’ailleurs les dépenses des foyers qui ont permis de maintenir la croissance à un rythme solide au deuxième trimestre.

A 2,1% en rythme annuel, l’augmentation du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis d’avril à juin a néanmoins marqué un coup de frein après les 3,1% réalisés au premier trimestre.

Prenant acte du ralentissement économique mondial et des incertitudes entourant le commerce international, la Banque centrale américaine a décidé cette semaine de baisser les taux d’intérêt pour dynamiser l’expansion économique des Etats-Unis.

«Les données économiques sont encore une fois subordonnées aux événements politiques et aux marchés», a réagi Ian Shepherdson, économiste chez Pantheon Macroeconomics qui s’attend comme nombre d’experts à une nouvelle baisse des taux de la Fed en septembre.

Les économistes d'Oxford Economics ont calculé que si l'administration Trump imposait effectivement en septembre 10% de tarifs douaniers supplémentaires sur quelque 300 milliards de dollars de biens chinois, cela coûterait 0,1 point de pourcentage à la croissance américaine et 200 dollars par foyer américain en 2020.

Pour l’heure, la confiance des consommateurs aux Etats-Unis s’est améliorée en juillet, selon l’enquête de l’Université du Michigan toutefois réalisée avant l’annonce de Donald Trump.

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