La Fed durcit les règles d’activité boursière pour ses responsables

AWP

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Les cadres ne pourront plus acquérir des actions individuelles, ni des obligations ou des produits dérivés, notamment.

Les responsables de la banque centrale américaine ne pourront plus mener librement leur activité boursière, l’institution ayant annoncé un strict encadrement de ces transactions, pour éviter «l’apparence même» de conflits d’intérêts après des révélations sur les gains réalisés par plusieurs d’entre eux.

Ces nouvelles règles leur interdisent notamment «d’acquérir des actions individuelles», a annoncé la puissante Réserve fédérale (Fed) dans un communiqué publié jeudi.

Obligations et produits dérivés, notamment, devront aussi être supprimés de leurs portefeuilles.

«Les responsables de la Fed ne pourront investir que dans des instruments de placements diversifiés, comme des fonds communs de placements», précise l’institution.

Cette décision intervient après une série de révélations sur d’importantes transactions boursières réalisées par plusieurs d’entre eux, dont le président Jerome Powell, en pleine crise économique liée au Covid-19, et souvent avant des dégringolades à Wall Street.

Certes légales, ces ventes d’actions, individuelles ou via des fonds, avaient cependant soulevé une question éthique, et alimenté des soupçons de conflits d’intérêts, de la part des décideurs de la politique monétaire américaine.

Cela avait conduit à la démission les présidents des antennes régionales de la Fed de Boston, Eric Rosengren, et de Dallas, Robert Kaplan. Ce dernier avait aussi annoncé qu’il se séparerait de toutes ses actions (Apple, Amazon, Alphabet...) à la fin du mois de septembre.

«Nouvelles règles strictes»

Ainsi, afin d’»aider à se prémunir contre, ne serait-ce que l’apparence, de tout conflit d’intérêts», les responsables devront, désormais s’abstenir de réaliser des transactions «pendant les périodes de tension accrue sur les marchés financiers».

Dans cette optique également, leurs transactions seront rigoureusement encadrées: préavis de 45 jours pour les achats et ventes de titres, autorisation préalable aux transactions, et obligation de détenir ces investissements pendant au moins un an.

La nouvelle règlementation impose également des déclarations plus régulières des opérations.

«Ces nouvelles règles strictes placent la barre très haut afin d’assurer au public que tous nos hauts fonctionnaires restent concentrés sur la mission publique à la Réserve fédérale», a déclaré dans ce communiqué le président de la Fed, Jerome Powell.

Il a lui-même été pointé du doigt pour avoir cédé en Bourse le 1er octobre 2020 une partie de ses actifs, et récupéré entre un et cinq millions de dollars de liquidités, selon les documents officiels disponibles en ligne.

Ces titres, cependant, contrairement à ceux vendus par ses collègues, étaient détenus dans un fonds indiciel, qui rassemble diverses entreprises cotées en Bourse aux États-Unis, et ne cible donc aucun secteur en particulier.

«Les retraits (de liquidités) avaient pour but de couvrir des dépenses familiales», a expliqué cette semaine un porte-parole de la Fed.

Le vice-président de la Fed, Richard Clarida, a lui aussi déclaré des transactions d’un montant important, réalisées en février 2020, au tout début de la pandémie de Covid-19, et juste avant que la Fed n’abaisse ses taux directeurs pour soutenir l’économie.

Ces révélations arrivent également alors que la Maison Blanche n’a toujours pas dit si elle envisage de renommer Jerome Powell pour un second mandat à la tête de la Fed, ou si elle choisit un autre gouverneur de l’institution.

Les démocrates restent divisés sur la question. L’aile gauche du parti milite pour que Joe Biden choisisse quelqu’un d’autre.

Le mandat de quatre ans de Jerome Powell arrive à terme en février prochain. Il revient à la Maison Blanche de nommer le futur président avant une confirmation du Congrès.

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