La COP28 entame le sprint final pour s’accorder sur la fin des fossiles

AWP

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Un nouveau projet d’accord est attendu lundi matin, avant-dernier jour de la conférence.

Une dynamique inédite pour la fin des énergies fossiles anime la 28e conférence climatique des Nations unies à Dubaï, malgré l’hostilité de l’Arabie saoudite, de plus en plus isolée, et le flou qui entoure encore les termes d’un possible compromis à 24 heures de la fin.

Un nouveau projet d’accord est attendu lundi matin, avant-dernier jour de la conférence.

Ce nouveau document lancera un intense sprint de tractations, potentiellement suivi d’une ou plusieurs nuits blanches pour des milliers de délégués et d’observateurs. En 28 ans, les COP ont rarement fini à l’heure.

Mais le déterminé président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière nationale, a promis un accord «historique» dès le 12 décembre, jour anniversaire de l’accord de Paris, dont il assure que l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, sérieusement menacé, est «son étoile polaire».

L’accord de 2015 fixe l’objectif de limiter le réchauffement moyen de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et si possible à 1,5°C.

«Tout le monde doit faire preuve de flexibilité», a-t-il lancé dimanche. «Nous devons avancer beaucoup, beaucoup, beaucoup plus vite».

Le nouveau texte attendu lundi, probablement ponctué d’options ou de formulations entre parenthèses, testera sa capacité à façonner un compromis dans les dernières heures, puisqu’il est cette fois établi sous sa conduite.

Jusqu’à présent, les délégués et ministres des pays n’ont guère progressé malgré des négociations frénétiques et de multiples bilatérales plus discrètes dans la fourmilière climatisée du parc des Expositions de Dubaï.

Les camps attendent le nouveau texte pour véritablement «dévoiler leurs cartes», explique une source proche de la présidence de la COP.

Le jeu saoudien

De plus en plus isolés, l’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole, l’Irak et quelques alliés campent sur leurs positions hostiles à toute sortie ou réduction des énergies fossiles, comptant sur les technologies balbutiantes de captage du carbone et brandissant la menace d’un bouleversement de l’économie mondiale.

Pourtant, des ONG aux négociateurs, les participants expriment le même sentiment qu’un accord n’a jamais été aussi proche pour signaler le début de la fin du pétrole, du gaz et du charbon, dont la combustion depuis le XIXe siècle a permis l’essor économique mondial au prix d’un réchauffement de 1,2°C.

Lors d’une grande réunion dimanche, organisée en cercle sur le modèle des «majlis», tradition des pays musulmans, des ministres du monde entier ont souscrit les uns après les autres à la sortie des énergies fossiles, «ce que je n’aurais jamais imaginé il y a seulement deux ans», a réagi Catherine Abreu, de l’ONG Destination Zero.

La Chine, vue comme peu allante au début de la COP, est unanimement décrite comme «constructive» en coulisses.

Gages de développement

En dehors d’un éventuel appel à la sortie progressive des énergies fossiles, leur sort pourrait être mentionné par ricochet dans l’objectif de tripler d’ici 2030 la capacité des énergies renouvelables dans le monde, en conditionnant l’effacement du charbon et des hydrocarbures à la montée en puissance des énergies propres.

Cela ferait écho à la déclaration commune de Sunnylands en novembre par la Chine et les Etats-Unis, dans laquelle les deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre (41% à eux deux) évitaient de parler de «sortie» des fossiles pour dire que les énergies renouvelables (solaire, éolien...) devaient graduellement remplacer les fossiles.

Mais un grand accord final dépend aussi des gages donnés aux pays émergents, comme l’Inde, qui produit encore les trois quarts de son électricité en brûlant du charbon, et aux pays en développement qui exigent des pays riches de l’aide pour installer l’énergie solaire ou les éoliennes dont ils auront besoin, ou pour s’adapter aux ravages du changement climatique (digues, bâtiments, santé, agriculture...).

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