COP 28: tous les secteurs de l'économie doivent se décarboner

Pascal Dudle, Vontobel

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En amont de la COP 28, le Copernicus Climate Change Service a indiqué que 2023 devrait être l'année la plus chaude jamais enregistrée.

© Keystone

De toute évidence, nous ne sommes pas sur la bonne voie pour respecter les accords de Paris. Lors de la COP 28, les gouvernements travailleront à un cadre pour atteindre l'objectif mondial d'adaptation (OGA) de l'Accord de Paris, et nous avons l'espoir qu'ils établiront également une feuille de route pour favoriser l'action climatique avec des engagements et des recommandations clairs.

Les bonnes intentions et les promesses ne suffiront pas. Selon le rapport du Programme des Nations Unies, le monde doit réduire de 45% ses émissions actuelles de gaz à effet de serre d'ici à 2030 pour limiter le réchauffement à 1,5 °C et de 30% pour le ramener à 2 °C. Les auteurs du rapport insistent qu'une approche graduelle et progressive ne suffira plus.

À première vue, les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie en 2022 peuvent inciter à l'optimisme: le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) montre qu'elles ont augmenté tout juste de 1%, ce qui est nettement moins qu'au cours de l'année précédente, où elles avaient augmenté de plus de 6%. Mais le rapport est clair: les émissions de carbone restent sur une trajectoire de croissance insoutenable et des mesures plus audacieuses sont nécessaires.

L'énergie est l'un des principaux facteurs du changement climatique

Selon BloombergNEF, l'opportunité d'investissement s'élève à environ 200'000 milliards de dollars, les efforts en matière de transition énergétique devant s'intensifier pour que le monde atteigne ses objectifs d'émissions nettes nulles d'ici à 2050, soit 6500 milliards de dollars par an, contre 2000 milliards en 2021, ou une moyenne d'environ 2% du PIB mondial (l’équivalent des budgets militaires des membres de l'OTAN).

L'appétit pour ces investissements existe bel et bien mais il reste un énorme potentiel inexploité au sein du marché.

Des secteurs comme l'énergie éolienne, les véhicules électriques et les pompes à chaleur devront connaître une croissance spectaculaire, de 40 à 200 fois leur taille actuelle, et nécessitera des capitaux. BloombergNEF estime que sur ces 200'000 milliards de dollars, 110'000 milliards seront nécessaires pour transformer la façon dont nous consommons l'énergie – soit les pompes à chaleur, les véhicules électriques et le recyclage durable. Les 90'000 milliards de dollars restants devront être consacrés aux actifs liés à la production d'énergie, qui comprennent les infrastructures et la captation du carbone.

Les incitations ont commencé à se renforcer aux États-Unis et en Europe et les investissements dans la transition énergétique sont déjà sur le point de dépasser ceux consacrés aux énergies fossiles – une tendance qui devrait s'accélérer. Les entreprises qui possèdent un avantage concurrentiel dans ce domaine sont exactement le type d'investissements que nous recherchons, car elles devraient bénéficier d'un afflux de capitaux, offrant des solutions moins coûteuses et la possibilité de se développer plus rapidement.

Mais même sans soutien politique ni programmes de subvention, ces tendances devraient être de solides moteurs à long terme. Les investissements dans les technologies favorisant l'efficacité énergétique des bâtiments, les transports routiers écologiques et les alternatives aux processus générateurs d'émissions de carbone sont tout aussi essentiels que le développement des énergies renouvelables.

Les appels à la mobilisation sont entendus

L'appétit pour ces investissements existe bel et bien mais il reste un énorme potentiel inexploité au sein du marché.

Les pressions réglementaires devraient également jouer leur rôle en aiguisant l'appétit des investisseurs pour les investissements à impact. Les États-Unis ont annoncé en septembre vouloir réduire de moitié leurs émissions par rapport à 2005, un quasi-doublement de l'objectif fixé par l'administration Obama. Les législateurs de l'UE ont également augmenté leur objectif de réduction des émissions de 40 à 55% par rapport à 1990.

Investir dans l'action climatique n'est pas seulement nécessaire pour prévenir un changement climatique catastrophique, le stress hydrique, la perte de biodiversité, pour n'en citer que quelques-uns, mais c'est aussi une question de bon sens économique à long terme. La sonnette d'alarme est si forte qu'elle en est assourdissante. Mais pour l'humanité, il n'est pas question de tout laisser tomber et de courir vers la sortie. Nous devons redoubler d'efforts, et les investisseurs joueront un rôle crucial dans le redressement de la situation. Ce n'est pas demain, ni la semaine prochaine, ni l'année prochaine qu'il faut agir. C'est maintenant.

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