La BoE emboîte le pas à la Fed et fait une pause dans ses hausses de taux

AWP

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En plus de la surprise du statu quo, la Banque d’Angleterre n’a «pas adopté un ton particulièrement offensif», remarque Craig Erlam, analyste chez Oanda.

Après 14 tours de vis monétaires consécutifs, la Banque d’Angleterre (BoE) a choisi jeudi de laisser ses taux inchangés, à 5,25%, emboitant le pas à la Réserve fédérale américaine (Fed) qui avait pris la même décision la veille.

La BoE marque ainsi une première pause depuis le début de son cycle de hausse des taux initié en décembre 2021, dans la foulée aussi de la Banque centrale suisse un peu plus tôt jeudi.

L’institut monétaire britannique prend en revanche le contre-pied de la Banque centrale européenne, mais aussi de ses homologues en Suède et en Norvège, qui ont relevé leurs taux de 0,25 point de pourcentage. Les taux de la BoE restent toutefois à leurs plus hauts niveaux depuis avril 2008.

La décision de la banque centrale a fait dévisser la livre, qui a touché un nouveau plus bas depuis fin mars, à 1,2239 dollar pour une livre.

En plus de la surprise du statu quo, la banque n’a «pas adopté un ton particulièrement offensif», remarque Craig Erlam, analyste chez Oanda.

L’institution est en effet restée floue sur de potentielles futures hausses. La politique monétaire devra être «suffisamment restrictive pendant suffisamment longtemps» pour revenir à l’objectif des 2% d’inflation, a simplement indiqué la BoE, précisant que «d’autres resserrements seront requis s’il y a des preuves de pressions inflationnistes plus persistantes».

«C’est un peu énigmatique, c’est loin d’être le message de la Fed, de la BCE et d’autres, selon lequel les taux resteront élevés plus longtemps», avance M. Erlam.

Le maintien des taux à 5,25% a été «voté par une majorité de 5 contre 4», précise l’institution dans son communiqué, montrant une division au sein même de son comité de politique monétaire (MPC). Les quatre autres membres étaient en faveur d’un nouveau tour de vis de 0,25 point.

L’économie britannique sous pression

«L’inflation a beaucoup baissé dans les derniers mois (...). C’est une bonne nouvelle», a relevé le gouverneur de la BoE Andrew Bailey dans une déclaration transmise après la décision. «Il n’y a pas de place pour la complaisance», a-t-il cependant prévenu.

L’inflation britannique a en effet légèrement reculé en août à 6,7% sur un an contre 6,8% en juillet selon les derniers chiffres publiés mercredi, trompant les attentes des économistes comme de la Banque d’Angleterre, qui se montraient nettement plus pessimistes.

Les précédents tours de vis de la BoE ont contribué à une envolée des coûts d’emprunt, notamment immobiliers, qui met sous pression les finances des ménages, déjà éprouvées par une grave crise du coût de la vie.

«Il est clair que la BoE est préoccupée par les performances économiques du pays, qui ont été assez alarmantes», note Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.

«Il y avait de plus en plus de signes d’un certain impact d’une politique monétaire plus restrictive sur le marché du travail (...) et sur l’économie réelle plus généralement», a fait valoir la banque dans ses minutes.

Les nuages s’accumulent sur l’économie britannique, avec un taux de chômage en hausse à 4,3% et un produit intérieur brut qui s’est contracté de 0,5% en juillet, et qui fait dire à certains économistes que c’est là le début d’une récession attendue depuis des mois, mais qui ne s’est pas encore matérialisée.

La BoE marche sur un fil, entre possible récession et inflation encore largement au-dessus de sa cible de 2% et la plus élevée des pays du G7.

Plus tôt jeudi, la banque centrale suisse a surpris elle aussi en marquant une pause dans le durcissement de sa politique monétaire.

La Banque de Norvège a, de son côté, relevé son taux directeur jeudi pour la 13e fois en deux ans.

En Suède enfin, la banque centrale a annoncé qu’elle relevait de 0,25 point son taux directeur à 4%, au plus haut depuis 15 ans.

Vendredi, la Banque du Japon (BOJ) mettra fin au bal des décisions monétaires de cette semaine.

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