La BNS revoit nettement en hausse ses prévisions d’inflation, les taux inchangés

AWP

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La banque centrale helvétique attend désormais une inflation de 2,1% cette année, contre encore 1,0% au dernier pointage mi-décembre.

La Banque nationale suisse (BNS) a nettement relevé jeudi sa prévision d’inflation pour l’année en cours dans le contexte de flambée des prix de l’or noir et de la guerre en Ukraine. L’institut d’émission a par contre temporisé au niveau des taux d’intérêt, conservant inchangée sa politique monétaire expansionniste.

La banque centrale helvétique attend désormais une inflation de 2,1% cette année, contre encore 1,0% au dernier pointage mi-décembre. La projection pour 2023 a été relevée à 0,9%, contre 0,6% précédemment, et s’établit également à 0,9% pour 2024, a-t-elle indiqué dans un communiqué à l’issu de l’examen de la situation économique et monétaire.

Cette accélération attendue des prix provient essentiellement «de la nette augmentation des prix des produits pétroliers et des biens concernés par des difficultés d’approvisionnement», a ajouté l’institution dirigée par Thomas Jordan. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions internationales décrétées contre Moscou, les prix de l’or noir ont flambé. Le baril de Brent valait jeudi matin 122,80 dollars (+1%) et celui de WTI 115,45 dollars (+0,48%).

Cette accélération des coûts devrait durer. «La situation concernant ces produits et biens devrait rester tendue pendant les prochains mois du fait de la guerre en Ukraine», a averti la BNS.

Et elle risque de peser sur la croissance économique, en freinant la consommation et en pesant sur les coûts de production, ainsi que dans une moindre mesure sur les exportations.

La prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) helvétique a ainsi été ramenée à «environ» 2,5%, contre environ 3% attendus jusqu’ici. «La croissance connaîtra un bref fléchissement avant de repartir à la hausse et le chômage devrait reculer encore quelque peu», a cependant pronostiqué la BNS.

Cette dernière a néanmoins admis que ses estimations étaient entachées de grandes incertitudes, en raison des interrogations sur la résolution du conflit en Ukraine. «Les risques pour la croissance sont significatifs et orientés à la baisse», une escalade de la guerre risquant de peser encore davantage sur l’économie mondiale.

Attention à la spirale prix-salaires

A cela s’ajoute le risque de voir s’aggraver les pénurie de matières premières, alors que des «effets de second tour» (une hausse des salaires poussant les prix et donc l’inflation) ne sont pas exclus et que la pandémie n’est pas encore terminée.

Malgré ces incertitudes, et alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a commencé à relever ses taux directeurs, la BNS a maintenu sa politique monétaire expansionniste. Elle a laissé à -0,75% son taux directeur et le taux d’intérêt négatif appliqué aux avoirs à vue.

Répétant ses précédentes déclarations, l’institut d’émission reste «disposé à intervenir sur le marché des changes afin d’atténuer des pressions à la hausse sur le franc», tout en tenant compte de la situation de l’ensemble des monnaies et non seulement par rapport à l’euro, la principale monnaie d’échanges commerciaux. La devise suisse «reste à un niveau élevé», a réitéré la BNS.

La guerre en Ukraine a poussé brièvement le franc sous la parité avec l’euro début mars, avant de se relâcher quelque peu. Jeudi matin, la paire de devises s’échangeait à 1,0258 franc pour un euro, se relâchant quelque peu par rapport à son cours de la veille au soir.

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