La Banque d’Angleterre pourrait accélérer sa lutte contre l’inflation

AWP

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Le principal taux directeur de la BoE, actuellement à 4,50%, pourrait atteindre 4,75 ou 5% pour tenter d’entraver la hausse des prix, au risque d’aggraver la crise du coût de la vie pour les ménages britanniques.

Confrontée à une inflation persistante au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre devrait relever ses taux jeudi pour la 13e fois consécutive et pourrait même opter pour une hausse plus marquée que lors des derniers mois, jugent les économistes.

Le principal taux directeur de la BoE, actuellement à 4,50%, pourrait donc atteindre dès cette réunion 4,75 ou 5% pour tenter d’entraver la hausse des prix, au risque d’aggraver la crise du coût de la vie pour les ménages britanniques.

Elle prendrait donc le contre-pied de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui n’a pas relevé ses taux en juin dans la foulée d’un net ralentissement de l’inflation, et pourrait agir avec plus de vigueur que la Banque centrale européenne (BCE), qui a récemment opté pour une hausse de 0,25 point de pourcentage des siens.

Deux autres grandes banques centrales se réunissent jeudi : elle aussi confrontée à une inflation têtue, celle de Norvège hésite entre une hausse de 0,25 et de 0,50 point de pourcentage.

En Suisse, où l’inflation s’est rapprochée de l’objectif de la banque centrale en retombant à 2,2% en mai, la Banque nationale suisse (BNS) pourrait malgré tout relever ses taux de 0,25 point de pourcentage.

Mais au Royaume-Uni, l’inflation s’est maintenue à son niveau d’avril en mai, à 8,7% sur un an, la plus élevée des pays du G7, une persistance plus marquée que ne le prévoyait la BoE.

Le patron de la Banque, Andrew Bailey, a dû reconnaître à plusieurs reprises que l’inflation reculait moins vite que ses économistes ne l’espéraient.

Hausses à venir

«Quelle que soit la décision [qui sera prise jeudi], le MPC (comité de politique monétaire de la BoE) a encore beaucoup de travail à faire pour ramener l’inflation sous-jacente sous contrôle», estime Matthew Swannell, analyste à BNP Paribas, dans une note.

Car si les effets de la flambée des prix de l’électricité et des carburants en 2022, après l’invasion russe de l’Ukraine, commence à s’estomper, l’inflation sous-jacente, qui exclut l’énergie, l’alimentaire, l’alcool et le tabac a atteint 7,1% sur un an en mai, soit un sommet depuis mars 1992.

Or, c’est cet indicateur que les banques centrales tentent de juguler, pour éviter un cercle vicieux de hausse des prix et des salaires.

Sur le marché, les investisseurs anticipent que les taux britanniques remonteront jusqu’à 6% d’ici la fin de l’année, alors qu’ils estiment que la Fed ne va pas remonter les siens et que ceux de la BCE vont bientôt atteindre leur sommet.

Dettes plus coûteuses

Les hausses des taux de la Banque d’Angleterre commencent à avoir des effets néfastes sur l’économie britannique, avec une envolée du coût de l’emprunt pour le gouvernement et, par ricochet, une flambée des prix des crédits immobiliers.

Dans un marché britannique dominé par des emprunts de particuliers aux taux renégociés tous les deux à cinq ans, de nombreux propriétaires vont voir leurs versements mensuels s’envoler cette année.

«Alors que l’économie britannique stagne presque depuis le printemps dernier, il faut s’attendre à ce que l’inflation des services et l’inflation sous-jacente» commencent bientôt à reculer, jugent les analystes de Berenberg.

Selon eux, la BoE prend donc le risque d’aller trop loin dans le relèvement des taux.

Un avis que ne semble pas partager le gouvernement britannique: «Nous n’hésiterons pas à soutenir la Banque d’Angleterre qui essaye de débarrasser notre économie de l’inflation», a assuré mercredi le ministre des Finances Jeremy Hunt.

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