L’euro se replie encore face au dollar dans un marché fébrile

AWP

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Vers 20h, la devise européenne perdait 0,87% à 1,1088 dollar.

L’euro s’enfonçait encore face au dollar vendredi dans un marché digérant les diverses annonces, énergiques mais en ordre dispersé, des banques centrales américaine et européenne.

Vers 19H00 GMT (20H00 à Paris), l’euro perdait 0,87% à 1,1088 dollar.

Le dollar index, qui compare la valeur du billet vert face à un panier d’autres devises, avait déjà bondi jeudi et s’apprêtait à connaître sa meilleure semaine depuis 2015.

«C’est comme si les marchés se stabilisaient un peu après un épisode intense de volatilité et que le dollar revenait au niveau d’avant le déclenchement de la crise sanitaire», remarque Greg Anderson de BMO.

Les décisions, déjà annoncées ou à venir, des diverses banques centrales dans le monde vont continuer à influencer fortement le marché des changes dans les prochains jours, anticipe-t-il.

Le billet vert a ainsi ralenti sa progression jeudi quand la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé qu’elle allait acquérir des bons du Trésor américain à plus longue maturité qu’elle ne le fait actuellement, injectant ainsi des milliers de milliards de dollars d’argent frais pour permettre aux banques et entreprises de se financer.

La question est désormais de savoir si elle ira jusqu’au taux zéro lors de la réunion de son prochain Comité de politique monétaire mardi et mercredi après avoir déjà décidé en urgence d’une baisse d’un demi-point de pourcentage la semaine dernière.

La Banque centrale européenne (BCE) a pour sa part annoncé jeudi qu’elle allait favoriser les prêts aux PME et renforcer ses achats de dette publique et surtout privée. Contrairement à ce qu’attendaient nombre d’observateurs, elle n’a pas touché à ses taux directeurs.

«La BCE n’a pas agi comme le voulait le marché mais elle fait ce qu’il fallait», a estimé Ulrich Leuchtmann, analyste pour Commerzbank. «Qui peut sérieusement croire que de nouvelles baisses de taux feraient la différence alors que toutes les précédentes n’ont pas eu les effets attendus?», a-t-il ajouté.

Selon lui, alors qu’avant 2008 les banques manquaient de liquidités, aujourd’hui, elles en ont trop.

Le «choc majeur» causé par l’épidémie, à l’origine d’une «considérable aggravation des perspectives de croissance», requiert avant tout une «réponse budgétaire ambitieuse et coordonnée», a martelé la présidente de la BCE Christine Lagarde.

«Je ne crois pas que qui que ce soit devrait attendre des banques centrales qu’elles soient en première ligne de la réponse», a-t-elle insisté, tout en fustigeant «la complaisance et la lenteur» des gouvernements «en particulier en zone euro».

A cet égard, le dollar bénéficiait aussi de l’espoir d’un grand plan de soutien à l’économie, dont le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a affirmé vendredi qu’il était «proche» d’être adopté.

Alors que les Bourses rebondissaient vivement en Europe et aux Etats-Unis au lendemain de leur pire séance depuis 1987 à Wall Street ou Londres, de son histoire à Paris, les devises considérées comme des valeurs refuges reculaient fortement: le yen chutait de 3,23% face au dollar et de 2,24% face à l’euro, tandis que le franc suisse perdait 1,12% face au dollar et 0,13% face à l’euro.

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