Les ménages japonais ont nettement réduit leurs dépenses en 2024 sur fond de forte inflation, et même si la consommation a rebondi en décembre, la conjoncture économique reste fragile, suspendue aux mesures de relance initiées par Tokyo.
Les ménages nippons ont réduit leurs dépenses de 1,1% sur l’ensemble de l’année dernière par rapport à 2023, selon l’indicateur ajusté de l’inflation publié vendredi par le ministère des Affaires intérieures.
C’est un baromètre très scruté pour mesurer la consommation privée, qui représente plus de la moitié du PIB de la quatrième économie mondiale.
La consommation a pâti sur le plus gros de 2024 d’une inflation persistant à un niveau élevé --elle est quasi-systématiquement supérieure ou égale à 2% depuis deux ans et demi, ce qui contribue à effriter le pouvoir d’achat des Japonais.
La hausse des prix à la consommation au Japon (hors produits frais) a encore accéléré de 3% sur un an en décembre, avec une envolée des prix de l’énergie et des aliments frais (le prix du riz augmentant même de 64% sur un an).
Certes, après avoir s’être contractée quatre mois consécutifs, la consommation des Japonais a connu un sursaut en décembre, avec un rebond de 2,7% des dépenses des ménages sur un an, très au-delà de la hausse de 0,5% attendue par les analystes sondés par Bloomberg.
Ce rebond tardif de la consommation des ménages s’explique notamment par une revalorisation des salaires moyens ajustés de l’inflation (en hausse de 2,9% sur un an en décembre) et par les primes de fin d’année versées aux employés.
«Ces chiffres (des dépenses) sont solides, il n’y a aucun doute que la situation s’améliore sur le front des salaires», alors même que de nouvelles fortes revalorisations, en cours de négociation dans le pays, sont attendues en 2025, observe Taro Saito, du cabinet NLI Research Institute cité par Bloomberg.
«Mais la tendance générale reste que la consommation n’est pas encore suffisamment robuste (...) Cela pourrait n’être qu’un sursaut passager», avertit-il, pointant la volatilité des enquêtes statistiques mensuelles.
De fait, de l’aveu même de la Banque du Japon, l’inflation devrait rester supérieure à 2% en 2025, et des incertitudes subsistent sur l’efficacité du vaste plan de relance adopté mi-décembre par le gouvernement du Premier ministre Shigeru Ishiba.
Afin de doper le pouvoir d’achat et de relancer l’activité, ce plan prévoit des assouplissements fiscaux, des subventions pour le carburant et les factures d’énergie et des chèques envoyés aux ménages à faibles revenus.
Par ailleurs, pour tenter d’enrayer la folle envolée des prix du riz --un aliment de base dans l’archipel--, le ministère nippon de l’Agriculture a assoupli le mois dernier les règles permettant de recourir aux vastes réserves stratégiques de riz constituées par le gouvernement.
Tokyo doit détailler la semaine prochaine les condition d’une éventuelle mise sur le marché d’une partie de ces stocks.