La hausse des prix à la consommation au Japon (hors produits frais) a accéléré de 3% sur un an en décembre, après avoir déjà grimpé à 2,7% le mois précédent, ce qui pourrait encourager la Banque du Japon à relever ses taux.
Ce chiffre, publié vendredi par le gouvernement, est conforme à la prévision des experts sondés par Bloomberg et signale des tensions inflationnistes tenaces dans l’archipel, notamment poussées par les prix des céréales et de l’énergie.
L’inflation sous-jacente, corrigée des prix volatils de l’énergie et des produits alimentaires frais, s’est stabilisée à 2,4% en décembre. Non ajustée, l’inflation totale a accéléré à 3,6%, contre 3,4% en novembre.
Se maintenant très au-delà de la cible d’environ 2% fixée par la Banque du Japon (BoJ), cette inflation persistante devrait inciter l’institution à relever ses taux ce vendredi à l’issue d’une réunion de deux jours, selon les analystes, qui misent sur un relèvement du taux directeur à 0,5%.
Afin de contrer le retour de l’inflation dans le pays depuis deux ans et demi, la Banque du Japon avait entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux, après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante où ils étaient restés quasi-nuls.
«Le maintien à un niveau élevé de l’inflation sous-jacente devrait conforter la BoJ dans sa décision de reprendre ses hausses de taux aujourd’hui et dans les prochains mois», après son statu quo de décembre, a commenté Toh Au Yu, analyste du cabinet Capital Economics.
Le sursaut des prix en fin d’année dernière a été alimenté par un très fort renchérissement de l’énergie en raison d’une suspension de subventions gouvernementales.
En conséquence, les prix de l’électricité ont bondi de 18,7% sur un an en décembre (après une envolée de 9,9% le mois précédent) et ceux du gaz de 11,1%.
De leur côté, en raison de récoltes médiocres, les prix des aliments frais continuent de gonfler, grimpant d’environ 17% sur un an, avec une envolée de 27,3% des prix des légumes frais, à l’unisson d’un renchérissement des céréales (+15,2%).
Les prix du riz se sont même envolés de 64,5% environ, battant le record de près d’un demi-siècle atteint en novembre.
«La récente remontée de l’inflation sous-jacente s’explique en grande partie par une flambée sans précédent des prix du riz (...) qui devrait commencer à retomber sous peu. Et dans l’ensemble, le ralentissement des prix à la production des produits manufacturés laisse présager un essoufflement de l’inflation des biens +de base+ à environ 2% d’ici mi-2025», anticipe Tau Au Yu.
Pour contrer cette inflation qui entrave les dépenses des ménages et pèse sur l’activité, le Premier ministre Shigeru Ishiba a fait adopter en décembre un plan de relance colossal équivalant à 136 milliards d’euros, censé doper le pouvoir d’achat.
Outre des enveloppes aux ménages à faibles revenus et une baisse des revenus imposables, ce plan prévoit un rétablissement des subventions pour l’énergie et le carburant entre janvier et mars.
L’archipel nippon, après avoir subi pendant des décennies une inflation quasi inexistante et même la déflation, a connu un virage depuis deux ans et demi, avec une hausse des prix à la consommation systématiquement supérieure ou égale à 2% depuis avril 2022.
Une dynamique à laquelle contribue l’affaiblissement du yen face au dollar -qui renchérit les produits importés.