La consommation des ménages japonais a reculé en novembre pour le quatrième mois consécutif, une forte hausse des salaires ne suffisant pas à rattraper l’inflation, le signe d’une conjoncture économique toujours fragile qui pourrait retarder les relèvements de taux de la Banque du Japon.
Les ménages nippons ont réduit leurs dépenses de 0,4% sur un an en novembre, après un repli de 1,3% en octobre, selon l’indicateur ajusté de l’inflation publié vendredi par le ministère des Affaires intérieures.
C’est un baromètre très scruté pour mesurer la consommation privée, qui représente plus de la moitié du PIB de la quatrième économie mondiale.
Le consensus d’économistes sondés par l’agence Bloomberg tablait certes sur une baisse un peu plus sévère (-0,9%), mais le chiffre témoigne d’une demande toujours sous pression.
La consommation continue à pâtir de l’inflation, quasi-systématiquement supérieure ou égale à 2% depuis deux ans et demi, ce qui contribue à effriter le pouvoir d’achat des Japonais.
En novembre, les salaires de base ont certes augmenté de 2,7% sur un an, la plus forte hausse mensuelle enregistrée en 32 ans, mais les salaires réels (ajustés de l’inflation) ont eux reculé de 0,3%, continuant de s’affaisser pour le quatrième mois consécutif, selon le ministère du Travail.
Un effet logique d’une inflation toujours vigoureuse: la hausse des prix à la consommation au Japon a accéléré en novembre (+2,7% sur un an hors produits frais), après deux mois de repli, notamment alimentée par un fort renchérissement de l’énergie après l’arrêt de subventions.
Afin de doper le pouvoir d’achat et de relancer l’activité, le gouvernement du Premier ministre Shigeru Ishiba a fait adopter mi-décembre un plan de relance massif prévoyant des assouplissements fiscaux et des chèques envoyés aux ménages pour, justement, doper la consommation.
Dans l’immédiat, les chiffres moroses sur les dépenses des ménages pourraient peser dans la décision de la Banque du Japon (BoJ) de relever ou non ses taux d’intérêt lors de sa réunion des 23 et 24 janvier.
La BoJ a amorcé depuis mars une normalisation de sa politique monétaire en relevant par deux fois ses taux, longtemps restés négatifs ou nuls, mais avait maintenu son statu quo monétaire en décembre pointant les «incertitudes» économiques au Japon et dans le monde.
L’institution, selon les experts, doit trouver l’équilibre entre la lutte contre une dynamique inflationniste persistante, et une conjoncture toujours extrêmement fragile, minée par une consommation atone... et qu’un relèvement des taux pourrait plomber encore davantage.
Autre facteur crucial: les négociations salariales annuelles à venir. La confédération syndicale Rengo, qui a obtenu en 2024 une hausse record depuis 1991, vise cette année une augmentation similaire d’environ 5% selon la presse japonaise.