Bertrand Perez, secrétaire général de l’association, s’est félicité d’avoir 21 membres totalement motivés, qui croient au projet.
L’association Libra, qui doit gérer la future monnaie virtuelle souhaitée par Facebook, a été officiellement mise sur pied lundi par 21 membres fondateurs. Sur les 28 annoncés initialement lors du lancement du projet en juin, sept se sont donc retirés entre-temps.
En signant lundi la charte de Libra, les entreprises fondatrices sont devenues membres du Conseil de la Libra, organe chargé de la gouvernance de l’association, indique un communiqué parvenu durant la nuit de lundi à mardi.
Bertrand Perez, secrétaire général de l’association, s’est félicité auprès de l’AFP d’avoir «aujourd’hui 21 membres totalement motivés, qui croient au projet».
«On a une totale garantie de leur implication à partir de ce jour, ce qui fait qu’on est assez confiant pour le projet», a-t-il poursuivi, estimant que les récentes défections de Paypal, Visa, Mastercard ou eBay n’entamaient pas la détermination des initiateurs de Libra.
«Ce qui est certain, c’est que pour nous, cela ne change rien par rapport au projet», a-t-il dit.
La monnaie numérique Libra doit offrir un mode de paiement alternatif aux circuits bancaires traditionnels, un bouleversement qui suscite scepticisme et résistances.
Si un lancement était initialement prévu pour mi-2020, ce contexte de défiance conduit M. Perez à ne pas exclure un démarrage plus tardif.
«Aujourd’hui, Libra est un changement considérable, un vrai changement de paradigme et on est là pour faire les choses dans le bon sens», a affirmé celui qui a été élu lundi secrétaire général de l’association.
«Ce qu’on souhaite, c’est bâtir une plateforme qui soit solide, qui soit là pour durer et qui nous survivra sur le long terme. Dans cette perspective-là, (...) si les discussions que nous sommes en train d’avoir avec les régulateurs nécessitent plus de temps, parce qu’on a plus de choses à approfondir, plus de choses à apporter et qu’on doit reporter la date de lancement de quelques trimestres, je dirais qu’à l’échelle d’un projet comme celui-là, ça ne va pas nous poser de problème», a-t-il dit.
Parmi les 21 membres fondateurs de Libra, se trouvent l’entreprise de paiement en ligne PayU, les groupes de télécommunications Vodafone et Iliad, les plateformes Uber, Spotify ou Farfetch, des acteurs de la blockchain comme Anchorage, Xapo ou Coinbase, des fonds de capital risque comme Andreessen Horowitz, Ribbit Capital ou des organisations à but non lucratif comme Kiva ou Mercy Corps.
Lors de sa réunion de lundi, le conseil des membres de Libra s’est également doté d’un conseil de direction de cinq personnes.
M. Perez assure que d’autres entreprises «ont manifesté l’intérêt de rejoindre l’association», se disant «totalement optimiste» sur le fait de compter, comme annoncé, une association d’une centaine de membres au moment du lancement.
Le projet suscite pourtant, aux Etats-Unis comme en Europe, l’hostilité croissante de bon nombre de régulateurs et gouvernements qui s’inquiètent de la mauvaise réputation de Facebook en matière de confidentialité et de protection des données personnelles et redoutent que la Libra ne soit utilisée pour tromper le fisc.
Le patron de Facebook Mark Zuckerberg va être convoqué le 23 octobre par une commission parlementaire américaine qui souhaite passer en revue le projet.
En Europe, Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie et des Finances, notamment, a averti que la Libra représentait selon lui une menace pour la «souveraineté monétaire des Etats».
Pour M. Perez, il convient de distinguer à cet égard la dimension des politiques et celle des régulateurs.
Avec ces derniers, les discussions sont «constructives» et «on voit qu’on peut apporter des réponses», estime-t-il. «Ca prendra peut-être un peu de temps pour les formaliser et les rassurer mais ça va dans le bon sens», dit-il.
Aux politiques, M. Perez répond: «Ce qui est certain, c’est que nous sommes vraiment déterminés sur le fait que la solution que nous proposons fait réellement sens pour beaucoup de personnes dans le monde, qu’elle apporte une vraie valeur ajoutée et des réponses qui aujourd’hui ne sont pas apportées».
«Toute innovation est toujours perturbante et va toujours déranger des personnes ou des systèmes qui vont essayer de s’opposer mais passé une phase d’opposition, aucune réelle innovation n’a pu être arrêtée parce qu’à partir du moment où elle fait sens, elle va forcément apparaître», veut croire le secrétaire général de l’association Libra.