Début du procès de l’ex-patron de Raiffeisen: Pierin Vincenz demande le report

AWP

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Six autres prévenus comparaissent avec lui, dont un qui n’est pas présent pour cause de COVID-19. Ils sont notamment accusés d’escroquerie par métier, de gestion déloyale et de corruption passive.

Le procès de Pierin Vincenz, l’ancien patron de la banque Raiffeisen, s’est ouvert mardi à Zurich. Il est notamment accusé d’escroquerie par métier, de gestion déloyale et de corruption passive. Son avocat a demandé un report du procès.

Dès l’ouverture de l’audience, l’avocat de l’ancien banquier a déposé une demande de report de l’ensemble du procès. Un des coaccusés n’est pas présent, car il est atteint du COVID-19 et se trouve en isolement.

Le tribunal avait annoncé lundi que ce coaccusé serait interrogé lors de l’audience du 9 février. L’avocat de Beat Stocker, l’autre principal prévenu, a soutenu la demande de la défense de Pierin Vincenz. Selon lui, tous les accusés doivent être interrogés avant le début des plaidoiries.

Demande de renvoi de l’acte d’accusation

L’avocat de Beat Stocker a aussi demandé que l’acte d’accusation soit renvoyé au Ministpère public pour être remanié. Diverses accusations sont prescrites et d’autres ne font pas l’objet d’une plainte pénale, a-t-il argumenté.

Un autre avocat a fait valoir que son client, qui vit en Suisse romande, ne peut pas se défendre personnellement. Il estime qu’aucune procédure équitable n’est possible, car ni l’acte d’accusation ni les pièces essentielles du dossier n’ont été traduits en français. Selon le défenseur, un recours à ce sujet a été déposé au Tribunal fédéral.

Un autre avocat a demandé que la procédure contre son client soit totalement abandonnée. Le prévenu âgé de 68 ans ne serait plus en état de comparaître en raison d’une maladie neurologique qui n’est pas guérissable.

Procureur opposé au report du procès

Le procureur s’est prononcé contre le report du procès. Ce n’est pas nécessaire, car le coaccusé absent s’est exprimé dans le cadre de l’enquête. Pour le prévenu romand, le procureur estime que ses droits ont été respectés. Ses demandes de traduction ont été rejetées à deux reprises par la Cour suprême du canton de Zurich.

Le tribunal de district rassemble d’abord les demandes préliminaires des parties. Il statuera ensuite sur tous les points en suspens, y compris la demande de report. Le procès proprement dit ne débutera pas avant que le tribunal fasse connaître sa décision, attendue vers 16h00.

Les deux principaux prévenus sont Pierin Vincenz et Beat Stocker, ex-patron de l’émetteur de cartes de crédit Aduno. Ils rejettent les accusations portées contre eux par le Ministère public, qui requiert contre chacun six ans de prison.

Acte d’accusation de 364 pages

Les deux hommes se seraient accordé des avantages financiers indus lors de rachats d’entreprises, selon l’acte d’accusation de 364 pages. Ils auraient aussi perçu des indemnités basées sur des notes de frais illégitimes.

Selon le Ministère public, les deux accusés ont empoché illicitement un total de 25 millions de francs, 9 millions pour Pierin Vincenz et 16 millions pour Beat Stocker. Les deux hommes auraient influencé le groupe Raiffeisen et d’autres sociétés financières qu’ils dirigeaient et conseillaient afin qu’elles rachètent des entreprises dans lesquelles ils avaient des participations privées occultes.

Il leur est aussi reproché de s’être fait rembourser des notes de frais privées par leur employeur. Ainsi, Pierin Vincenz aurait compté comme frais professionnels de coûteuses visites dans des boîtes de strip-tease et autres bars de prostitution pour un peu plus de 200’000 francs. L’accusation énumère 120 visites dans 18 établissements.

Frais de voyages privés

L’ancien patron de Raiffeisen se serait aussi fait rembourser par la banque des frais de voyages privés pour un montant de 250’000 francs. Il y a aussi une facture de 3778 francs pour la réparation d’une chambre d’hôtel après un conflit entre le banquier et une relation.

Les cinq autres prévenus sont accusés de complicité d’escroquerie ou d’abus de confiance. Le Ministère public requiert contre eux des condamnations allant d’une peine pécuniaire avec sursis à deux ans et demi de prison avec sursis partiel.

Compte tenu de l’affluence attendue et de l’intérêt médiatique, les audiences se déroulent au Volkshaus de Zurich et non dans la salle du tribunal de district. Le procès doit durer quatre jours, mais un jour de réserve, le 9 février, est déjà prévu. Un jour supplémentaire sera très probablement nécessaire, car le procureur et les avocats ont demandé 39 heures de temps de parole pour le réquisitoire et les plaidoiries.

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